L'enseignement proposé par le groupe SOC

Les séquences d'enseignement élaborées collectivement par le groupe SOC apportent des éléments de réponses aux questions de recherche du chapitre IV sur l'élaboration de séquences d'enseignement. Il s'agit en effet de s'interroger sur les situations empiriques sur lesquelles il est possible de baser un enseignement de physique qui se coupe le moins possible du champ phénoménologique sonore dans toute sa diversité. Il s'agit aussi de mettre en évidence les contraintes que fait peser sur les propositions d'enseignement le décalage entre la phénoménologie quotidienne et celle du physicien.

Le groupe SOC tente d'apporter des solutions à ces deux problèmes. Le cadre théorique considère d'une part l'importance de l'activité de modélisation pour l'apprentissage, d'autre part la nécessaire prise en compte des spécificités du champ expérimental sonore (y compris le recours le plus fréquent possible aux autres canaux sensoriels). La prise en compte de la phénoménologie des élèves (ou au moins de l'existence d'un décalage entre cette phénoménologie et celle du physicien) est ainsi effective. De plus, le dialogue et l'écriture personnelle de l'élève jouent dans cette progression un rôle essentiel.

La stratégie choisie peut être évaluée grâce à la méthodologie de recherche que nous avons adoptée. Nous apportons en ceci des éléments de réponses aux questions concernant les effets de l'enseignement. Il ressort ainsi de la comparaison des productions des deux populations étudiées que les évolutions positives mentionnées sont plus flagrantes pour la population ayant suivi l'enseignement élaboré par le groupe SOC. Plus précisément la population SOC :

  • est moins démunie pour fournir descriptions et explications ;

  • adopte après enseignement un niveau de savoir bien plus conceptuel que celui adopté par la population témoin ;

  • est davantage capable d'expliquer des phénomènes analogues ayant lieu dans des situations différentes par un mécanisme explicatif unique. Ce point et le précédent sont particulièrement flagrants au sujet de l'utilisation du concept de vibration par la population SOC : non seulement cette utilisation est plus importante pour cette population mais surtout l'utilisation est souvent pertinente et parfois caractérisée par les concepts fréquence et amplitude. Ceci laisse penser que c'est parce que cet enseignement propose des concepts précis pour caractériser la vibration en relation avec la perception auditive que ce concept devient opératoire et utilisable pour interpréter des situations variées ;

  • discrimine mieux ce qui relève de la perception et ce qui relève des modèles ;

  • semble être davantage capable de décrire le mécanisme microscopique de propagation.

Ce tableau relativement positif ne doit pas faire oublier les évolutions toutes relatives qui concernent l'ensemble de la population étudiée, la population SOC comprise.

Ces résultats nous permettent cependant de conclure que, sur un sujet comme le son encore plus que sur d'autres, les liens explicites entre ce qui relève de la perception et ce que la physique utilise pour décrire et interpréter cette perception sont nécessaires. Pour ceci, nul besoin d'expériences ou de situations compliquées. Des situations simples suffisent, du moment qu'elles sont conceptualisées peu à peu, dans une articulation constante entre ce qui relève des modèles et ce qui relève des objets et des événements.