2. Le Monde imaginaire

“La littérature est un imaginaire dans sa totalité, de quelque réalisme qu’elle se réclame.”
- André Malraux 61

P.-J. Remy a créé un monde riche en couleurs. La diversité des personnages, des lieux, des aventures s’expose sous nos yeux en nous amenant souvent dans un monde soit fantastique, soit mythique.

Si le mythe et le fantastique occupent une place si importante dans l’oeuvre, n’offrent-ils pas une source dans laquelle l’auteur puise l’inspiration? Le monde imaginaire qu’il présente ne se caractérise-t-il pas par ces deux modes essentiels de fonctionnement, à savoir l’alliance du fantastique avec l’art et avec la femme, et la réécriture du mythe?

Ce monde fantastique est particulièrement lié à la peinture, à la musique et à la beauté féminine, et ce monde mythique vise à faire revivre le mythe, chargé de sens métaphorique. Le procédé que le romancier a utilisé vise à montrer la passion artistique et musicale et la réflexion sur l’art et la beauté.

Pour P.-J. Remy, tout réside dans l’imagination, qui, pourtant, est à la fois ravissant et terrible pour l’homme qui en devient la proie, ou qui est constamment pris au piège. Quelle que soit l’aventure, on est toujours victime de son imagination. Par exemple, le compositeur Carl a échoué sur la pièce “Pandora” qu’il a inventée; Segalen et ses successeurs n’ont pas réussi leur projet si ardemment imaginé pour pénétrer dans la Chine; les pensionnaires n’ont pas pu réaliser le chef-d’oeuvre qu’ils ont imaginé avant d’arriver à Rome. Cependant, le romancier a conçu des intrigues riches en péripéties, et l’oeuvre romanesque s’est construite dans des mécanismes imaginaires, dont le jeu concerne le fantastique, le mythe, la textualité, la morale.

Notes
61.

André Malraux, L’Homme précaire et la littérature, Gallimard, 1977, p.106.