3. La Métaphore musicale

La métaphore musicale est omniprésente dans l’oeuvre de P.-J. Remy, où la musique est évoquée comme une métaphore de sensation et de perception humaines. Elle renvoie parfaitement au destin du personnage, à la réalité et à l’Histoire contemporaine. Chargée pleinement de significations, la musique exprime, à travers la métaphore, une nécessité de déchiffrer le réel. Donc, quel que soit le personnage ou le lecteur, on est suscité à obtenir une révélation. Ce qui marque ainsi la profondeur de l’ouvrage et l’art de la métaphore par la musique.

Nous allons analyser d’abord la métaphore musicale sur le destin du personnage. Lisons une citation extraite de Chine:

‘“Sur la mauvaise machine à musique du salon de Hampstead, la musique - éraillée, crachotante - d’un vieil enregistrement, du troisième acte de Parsifal; mais l’aiguille sautait toujours avant ‘l’enchantement du vendredi saint’.” (Ch 274)’

Par le fait que le personnage de Chessman n’arrive toujours pas à écouter ce superbe morceau musical, considéré comme “une scène envoûtante, l’une des plus splendides pages de Wagner” 94 , P.-J. Remy souligne, à travers la métaphore musicale, que ce personnage n’atteint toujours pas son but. Il se trouve donc dans un état d’attente, d’infini, pareil à son fameux roman qui ne se termine pas. Il est clair que, par la musique, notre auteur fait allusion à l’impuissance de ce personnage. Effectivement, Chessman subira tous les échecs de sa vie 95 . Ainsi, la musique révèle métaphoriquement le destin du personnage. Chez P.-J. Remy, le destin individuel s’attache souvent au destin collectif. La métaphore musicale entraîne en effet une révélation: tout est transfiguré.

Dans Aria di Roma, “La Jeune Fille et la Mort” de Shubert hante non seulement l’artiste Milan, dont la femme a été assassinée, mais aussi tout le groupe. Parce que personne ne réussit à réaliser un chef- d’oeuvre, et que leur séjour romain est marqué par des morts et des échecs. L’intervention de l’idée du chute est liée avec l’expression de l’amour-passion, de beauté éternelle. Ce qui est également montré dans Pandora , où la musique porte le sens métaphorique. Le héros affirme:

‘”Ma musique est comme une grande toile d’araignée aux fils d’or et d’argent, aux mailles de cristal, où tout le monde vient se perdre.” (P 196) ’

Cette idée du chute qui est marquée souvent par le silence en parole, l’échec d’un projet ou la mort n’exprime pas un zéro ou une fin finale. C’est plutôt un élément positif, productif et transitif.

1Dans Salue pour moi le monde, l’anneau, porteur de la malédiction, symbolise le pouvoir suprême de la possession de l’Or du Rhin. Autour de cet anneau, se passent des scènes de violence, de complots, de trahisons, de meurtres, de morts: Fasolt, tué par Fafner; Siegmund, par Hunding avec l’aide de Wotan; Fafner et Mime, par Siegfried; celui-ci et Gunther par Hagen qui est ensuite entraîné dans les flots par les Filles du Rhin, il y a encore d’autres morts: Sieglinde, Brünnhilde, les dieux … Devant les spectateurs, se déroule ainsi un monde en désordre et en décadence, puisque la vengeance, le meurtre se font entre les frères (Fasolt/Fafner, Gunther/Hagen), le père et le fils ou le fils adoptif (Wotan/Siegmund, Mime/Siegfried), l’époux et l’épouse (Siegfried/Brünnhilde).

Ce monde, représenté et figuré par l’art musical de Wagner, est en fait emprunté par P.-J. Remy pour évoquer, à travers la métaphore musicale, le passé et la réalité. La violence, la mort ou le meurtre font partie des thèmes principaux de ce livre. Ainsi, la “Tétralogie” de Wagner nous fait penser à l’Histoire contemporaine.

Il y a encore des renvois métaphoriques de scènes à la vie des personnages. Par exemple, Vivienne, Juive, était prisonnière des nazis; Kurt Reich, ancien médecin d’un camp de concentration, sera assassiné dans un attentat … Le drame de violence qui se passe en scène reflète le présent et la réalité. Tout comme ce que le narrateur de ce livre remarque: “la violence de ce qui se déroule sur scène - beauté totale, absolue aussi - me laisse une fois encore abasourdi.” (SPMM 367) Il est clair qu’il y a à la fois un contraste fort et un lien étroit: la violence parfaitement représentée par l’art musical nous donne des sensations et des perceptions vives. P.-J. Remy utilise bien cette métaphore musicale pour indiquer une révélation.

Il va de soit que Wagner ne parle pas seulement de haine, de mort. Dans sa “Tétralogie”, nous trouvons également le thème de l’amour: entre les frère et soeur Siegmund et Sieglinde; entre le père et la fille Brünnhilde; entre le couple Siegfried et Brünnhilde … Cependant, leur amour connaît un destin tragique: l’inceste de frère et soeur est condamné, la fille qui n’a pas exécuté l’ordre du père est punie, et le couple est innocemment séparé par le complot dû à la trahison et la vengeance. En fait, le thème du renoncement à l’amour se révèle dès le début de l’Or du Rhin. Instruit par les Filles du Rhin qu’on pourrait conquérir le pouvoir sous la condition d’abandonner le bonheur amoureux, Alberich maudit l’amour et s’empare de l’Or. Dans la “Walkyrie”, l’inceste entre Siegmund et Sieglinde ne dure pas longtemps. En châtiant Brünnhilde, Wotan abandonne lui aussi l’amour.

Que notre écrivain veut-il révéler par cet abandon? Il tente sans doute de démontrer que, dans un monde où l’amour est renoncé, il n’y a que la haine, la violence, la guerre, la mort. Par l’incarnation wagnérienne du bonheur et de l’amour, l’auteur nous invite à réfléchir sur la réalité. C’est la raison pour laquelle il insiste sur l’appel à la paix et à la rédemption par l’amour:

‘1“La musique du Rhin envahit toutes choses et, lentement, s’en dégage le thème le plus beau peut-être de toute la Tétralogie, celui de la Rédemption par l’amour.” (SPMM 378-379) ’

En fait, si P.-J. Remy fait l’appel à l’amour par le biais de la musique, c’est pour indiquer plusieurs sens métaphoriques: on ne veut plus un monde en séparation, en désordre, ni une tragédie humaine, mais un monde en paix, en amour, en union. Ce qui est à maintes reprises affirmé par ses héros:

‘“Au fond, le propre de la musique, c’est de rassembler, n’est-ce pas? J’aime assez l’idée que ce soit Wagner qui nous ait fait nous rencontrer.” (SPMM 111) Et “la France et l’Allemagne [sont] réconciliées en Siegfried” (VUH 121).’

Dans La Vie d’un héros, dont le fond musical est sur “La Flûte enchantée” de Mozart et “Une Vie de héros” de Strauss, nous pouvons également remarquer la métaphore musicale:

‘“Une vie de héros: ce poème symphonique de Richard Strauss qu’un peu partout dans le monde Antoine Sallement, chef d’orchestre avait porté avec lui comme la fracassante métaphore musicale de ce qui avait été sa vie.” (VUH 69)’

Cette citation montre bien que la musique, porteuse de sens métaphoriques, peut tracer la vie et le destin des personnages. Notre auteur fait donc un jeu de métaphore musicale sur le personnage du père, Antoine Sallement et celui de la mère, Alma Schlutter: l’un est le double de Sarastro qui veut maintenir sa raison et défendre le monde masculin; l’autre devient la “Reine de la Nuit” qui lutte contre ce monde. Quant à Xavier, leur fils unique, c’est à travers la musique qu’il connaît ses parents. Et bien entendu, la quête du père disparu se fait parallèlement avec celle de la musique.

Comment s’évoque la métaphore musicale dans ce roman? Nous pouvons dire qu’elle s’exprime autour des thèmes principaux tels que raison, ordre, force, lumière …

“La Flûte enchantée” se présente comme l’éternel combat entre la Raison (Sarastro, figure du père) et les forces obscures de l’Instinct (laReine de la Nuit). Considérée comme un obstacle, la Reine de la Nuit introduite au coeur de “la Flûte enchantée” empêche l’accès à la vérité et à l’amour. En fait, elle ne permet pas aux hommes de faire tourner la planète et de posséder l’ordre du monde.

Mais, quel est l’ordre viril? Sous la plume de l’auteur, c’est plutôt la vanité, la violence, la guerre, la mort … Ce qui est tout à fait opposé à la tendresse et à l’amour féminins. Ainsi, la Reine de la Nuit n’est pas négativement présentée dans le roman. Elle n’est donc plus obstacle, ombre, mais porteuse d’un monde nouveau, plus doux, plus tendre, plus sage.

Nous trouvons dans ce roman plusieurs thèmes que Mozart a traités dans son opéra, par exemple, la dualité: Homme-Femme, Jour-Nuit, Lumière-Ombre; le conflit entre le monde masculin et le monde féminin. En chantant l’apologie masculine, Mozart voulait que la femme soit guidée par l’homme. Contrairement à Mozart, P.-J. Remy fait l’éloge de la femme. Tout au long de sa quête, le héros Xavier, bloqué chaque fois par un vieil ami de sa mère, risque de ne plus pouvoir connaître la vérité. Et c’est toujours une femme qui le sauve et l’aide à continuer sa quête. Donc, à la fin du roman, Xavier connaît non seulement son père, le monde masculin, mais aussi sa mère, le monde féminin.

Il est évident qu’il y a une transfiguration significative faite dans le livre. L’idée de la transfiguration est d’ailleurs évoquée par le personnage-violoniste de Violante: “je veux que ce soit d’abord une histoire, une musique et une transfiguration.” (VUH 218) En fait, Violante, porte-parole de l’auteur, tente d’inventer une autre “Flûte enchantée” et de montrer la tendresse perdue et les forces obscures. Pour elle, “la Flûte enchantée”, c’est “le chemin vers la lumière; elle oppose Mozart à Wagner, une sagesse vraie à la bonne foi teutonne.” (ibid. 314) Par le biais de Violante, l’auteur révèle que la souffrance de la Reine de la Nuit est causée par “Sarastro et le monde des hommes qui le lui [a] arraché, ce bonheur, au nom d’une fausse et vide Raison” (ibid. 276).

A travers l’air de la Reine et la lucidité de cette violoniste, notre auteur montre métaphoriquement ce conflit entre les hommes et les femmes, et accuse le monde viril qui a provoqué le malheur humain. Dans La Vie d’un héros, comme dans Salue pour moi le monde, c’est de l’Histoire contemporaine qu’il s’agit en fait. Hitler et ses hommes ont causé la souffrance des femmes et celle de l’humanité tout entière, n’est-ce pas? Notre écrivain n’a-t-il pas évoqué un monde en désordre total? Tout le monde voulait tuer. Même sous la musique de Schumann et de Beethoven, Antoine a tué un colonel allemand (cf. VUH 529). Les hommes ont été transportés par la musique et imprégnés de vanité, comme Pierre Sipriot a critiqué:

‘“Transporté par la musique, un peuple a pu un moment s’identifier aux Titans, aptes à la force dans la joie.” 96

En réalité, les thèmes de la raison, de l’ordre, de la force représentés par la musique ont été utilisés par les nazis pour conquérir leur pouvoir. Pourtant, “la musique de la mort” deviendrait celle de la vie. Mozart est considéré comme la “paix”, la “joie” ( MA 118) même pendant la guerre. Par Jéroine Arthez, personnage du metteur en scène, l’auteur conclut: “toute la Flûte sera, au sens le plus fort du mot, une marche vers la lumière.” (VUH 601)

Evidemment, l’opéra de Mozart est transfiguré par notre auteur. Xavier, guidé par la musique lumineuse a enfin connu la vérité. Pour Antoine Sallement, “la Flûte, telle qu’il la dirigeait, devenait, pour lui, une manière de Révélation” (VUH 638). Son vrai visage et sa vraie vie ont été révélés par la musique: c’est un homme ambigu. S’il a dirigé pendant la guerre l’opéra de Wagner à Bayreuth auquel Hitler a assisté (VUH 218), c’est parce qu’il était aussi pour le pouvoir et la vanité masculins. Et la dernière fois qu’Antoine a dirigé l’orchestre, c’était pour “La Neuvième symphonie de Beethoven” (ibid.). En fait, cet “Hymne à la Joie” joué la veille du bombardement des Alliés devient métaphorique, et l’ambiguïté du personnage renvoie à celle de la musique.

Par la métaphore musicale, notre auteur joue sur le thème de la révélation. En fait, Alma, “fille de l’ombre” (VUH 30), figure de la “Reine de la Nuit”, représente l’amour, la paix, la lumière. Antoine passe de la disparition à l’apparition, d’un homme sans violence à un chef qui dirige un groupe terroriste. A travers ce thème, notre auteur indique la trace et la blessure de la guerre. Alma ne récupérera jamais son bonheur perdu; Ne pouvant diriger l’orchestre, Antoine abandonne la musique et devient finalement un combattant, un terroriste.

A la fin de La Vie d’un héros, le groupe d’hommes dirigés par Antoine se trouvent dans l’ombre. Certains se réfugient dans un monastère baroque, d’autres dans un château médiéval. La métaphore montre sans doute que ces hommes veulent maintenir leur raison et défendre la force masculine, tout en s’éloignant de la femme. Nous savons que Wagner a révélé, dans “Parsifal”, deux thèmes principaux: la renonciation aux tentations du monde et la rédemption religieuse. Les hommes d’Antoine tentent peut-être l’abandon de l’amour et de la femme, mais sûrement pas celui de leur tentation du monde. Du fait qu’ils continuent à utiliser la violence, à faire des attentats, le monde ne pourra échapper au désordre. Ainsi, le combat entre les deux mondes masculin et féminin ne s’arrêtera pas.

Des cantatrices et des musiciennes animent ses intrigues, comme les figures de la beauté, les médiatrices de l’art suprême, tandis que des personnages masculins qui ont l’intention d’empêcher le monde tombent dans la violence.

De manière générale, dans La Vie d’un héros et Salue pour moi le monde, P.-J. Remy montre, à travers la métaphore musicale, la vanité de l’Histoire et du monde masculin: “Wotan, le roi des dieux, a voulu s’ériger un domaine, qui marquera l’apogée de sa puissance.” (SPMM 31) Il en est de même pour Sarastro ou Hitler. La “Tétralogie” de Wagner a douloureusement déployé une tragédie légendaire. Et cette tragédie est renvoyée par notre auteur à celle que Hitler a causée et que l’Histoire contemporaine a tracée. Finalement, comme le Walhalla de Wotan et le palais des Gibichungen, le IIIe Reich, malheur humanitaire, “Mal absolu”, s’est écroulé à son tour, et sa puissance suprême a connu la chute, la défaite totale. Au fur et à mesure que le drame scénique se déroule, la tension de la réalité se monte: il y a la chute de la Walkyrie et l’attentat hors de scène. Donc, malgré leur chute, le danger existe, et la violence n’est pas anéantie.

Il est intéressant de souligner la question posée par l’auteur à la fin du livre: “Que sera ce monde après le règne des dieux?” (SPMM 379) Après l’écroulement de la puissance, le monde a besoin de se transfigurer pour revivre. Evidemment, ce monde ne devra pas être régi par les hommes néants. Il évitera tout le désordre, et tentera une rédemption par l’amour … En réalité, la question de l’auteur constitue le vrai sens de ce livre, et la “Tétralogie” de Wagner n’est qu’un prétexte, qu’une métaphore. Il en est de même pour “La Flûte enchantée”. Ce que P.-J. Remy veut exprimer, c’est la nécessité de rappeler le passé et de connaître le danger du terrorisme.

“Depuis trois cents ans, la musique est l’âme de l’Allemagne …” (VUH 211). Même sous le IIIe Reich la musique a été servie comme un moyen d’expression: “On jouait du Wagner aux cérémonies rituelles du IIIe Reich (MS 121). Pendant la deuxième Guerre mondiale, la Neuvième de Beethoven n’était-elle pas l’oeuvre la plus jouée en Allemagne? L’auteur voulait-il poser des questions sur la valeur morale de la musique? Sinon pourquoi a-t-il évoqué que la musique a été accepté par les nazis? (cf. SPMM) Le mystère de la musique possède-t-il le pouvoir transcendant pour les gens opposés? Il est clair que chez Beethoven ou Wagner vit l’âme innocent. C’est peut-être pour révéler l’âme humaine que P.-J. Remy a composé ses romans ayant le fond musical, dans lesquels il nous a proposé une rédemption par la musique, qui permettra aux hommes de trouver la lumière et de ne pas se détruire par la vanité et l’absurdité de l’existence. L’enjeu idéologique autour de la musique, surtout de la “Tétralogie” de Wagner devient le symbole de la réconciliation, puisque Wagner est apprécié par tout le monde. Selon notre écrivain, la musique ne suscite pas que le plaisir esthétique, mais qu’elle possède une valeur suprême. C’est pour montrer cette valeur et saisir cette “âme” qu’il a tenté de donner un appel: l’accord musical l’emporterait sur la discordance de notre monde.

Chez notre auteur, la musique est également désignée à indiquer la déception ou l’espoir des personnages. Par exemple, Gérard de Désir d’Europe, qui désirait de former avec ses amis “une sorte de quatuor, comme un quatuor à cordes” (DEu 121), éprouvait une déception face au temps passé: la mort de son ami Cyril, le changement de Marion et celui de l’Europe. “L’adagio de Mozart” (ibid. 584), quatuor à cordes que Gérard a entendu dans l’hôtel s’est tu avant son suicide (cf. ibid. 587). L’arrêt de la musique a ainsi prédit la mort de ce personnage.

Pour le narrateur d’Un Voyage d’hiver, la mélodie de Schubert qui lui renvoie la figure féminine “raconte [sa] propre vie” (VH 161). Tout au long de ce livre, la voix du “Je” (narrateur) et celle de la “Tu” (amante) s’épanchent comme ce que la musique de Schubert ou de Schuman expriment. Leur amour guidé par la musique étant heureux, ils mènerons finalement une vie d’ensemble.

A travers ces exemples, nous connaissons la signification de la métaphore musicale chez P.-J. Remy. En fait, d’une part, l’écrivain a mis en évidence ces connotations musicales, d’autre part, il a révélé une réalité discordante. Par le biais de la métaphore, il a tenté de serrer le lien entre la musique et la littérature.

Notes
94.

Jean-Bernard Piat, Guide du mélomane averti, L.G.F. 1992, p.273.

95.

cf. Entretien avec P.-J. Remy du 2 juillet 93, p.432.

96.

Pierre Sipriot, “La Musique de la mort”, Le Figaro, le 23 septembre 1985.