4. L’Art et l’Ecriture

“Notre art me paraît une rectification du monde, un moyen d’échapper à la condition d’homme.”
- André Malraux 147
“L’art est le seul moyen de se sauver, […] La seule chose de bien en nous, c’est l’aspiration esthétique, l’aspiration à vouloir créer”
- P.-J. Remy 148

Chez Balzac, Le Chef-d’oeuvre inconnu, Gambara et Massimila Doni forment une série d’études sur la création artistique et littéraire. Balzac qui s’est fait lui-même peintre de sa société a remarquablement montré l’image même de l’univers en introduisant dans l’art littéraire des sensations, des émotions et des techniques empruntées aux autres arts. L’art est pour lui un moyen d’exprimer l’unité littéraire qui constitue sa comédie humaine.

Nous dirons que l’écriture de P.-J. Remy est également en symbiose avec l’art. Les ouvrages tels qu’Une Ville immortelle, Des Châteaux en Allemagne, Aria di Roma, De la Photographie considérée comme un assassinat, Salue pour moi le monde, Ava , Pandora, Retour d’Hélène et La nuit de Ferrare 149 rassemblent essentiellement ses idées esthétiques et sa réflexion sur l’art. Celles-ci traduisent sa pratique, son cheminement, ses doutes, ses angoisses et ses recherches. P.-J. Remy se voit toujours en train de méditer sur l’art et sur son écriture, car il est entièrement engagé dans une recherche perpétuelle pour continuer sa création. L’art étant la métamorphose par excellence, l’auteur recrée le monde en explorant ses idées et son goût dans l’oeuvre d’art, qui est pour lui un acte possible de création.

Des questions se posent naturellement: Comment se peindre soi-même et peindre les autres? Comment créer des oeuvres? Quels sont les rapports entre l’artiste et l’oeuvre, entre l’oeuvre et l’écriture? Quelle est la réflexion sur l’art?

Selon Proust, l’art est plus réel que la vie. Pour P.-J. Remy, l’art est plutôt incarné dans la vie. Nous remarquons dans son oeuvre l’interrogation sur l’essence même de l’art, la possibilité de l’incarnation de l’art pictural et plastique dans la littérature, l’espoir de survie par l’art et par l’écriture et la tentative de représenter le monde par un art total. C’est dans la perspective de ses idées esthétiques qu’on découvre mieux son univers romanesque.

Notes
147.

André Malraux, Le Noyers de l’Altemburg , Gallimard , 1951, p.1005.

148.

cf. Entretien avec P.-J. Remy du 2 juillet 1993, p.432.

149.

On n’en cite que ces quelques-uns. Il y en a encore d’autres.