2. Le Goût du voyage

“Toute ma vie, j’ai voulu déchiffrer les lieux comme on lit dans les livres.”
- P.-J. Remy (SPMM 82)
“Je ne voyage que pour regarder, mais je ne regarde que pour écrire.”
- P.-J. Remy 174

Dans son univers spatial et temporel, P.-J. Remy richement inspiré par les voyages évoque des lieux de rencontres et d’aventures, où les héros ne se déplacent qu’avec nostalgie. Ils cherchent à découvrir la complexité du monde en éprouvant des espoirs ou des désespoirs. Le romancier présente notamment ses jeux de l’ouverture et de la fermeture, du dedans et du dehors, des contrastes entre l’espace fascinant et la pénétration difficile.

Les personnages sont sans arrêt en mouvement. L’oeuvre est remplie de déplacements et de passages, et c’est dans cette mouvance qu’elle se constitue. De nombreux ouvrages débutent par un voyage ou bien parlent d’exil. Presque tous les héros voyagent ou mènent une vie ailleurs. Le thème de voyage montre à la fois le caractère errant de ces personnages et leur existence mobile.

Par un de ses personnages, notre auteur a affirmé l’importance du voyage dans sa vie: “Somme toute, ma vie n’a été vraiment pleine que de visages de femmes et bercée de voyages …” (O-E I 21). Selon lui, le voyage peut élargir la vision, suggérer la réflexion, favoriser l’inspiration, enrichir l’imagination, enfin assurer l’écriture. Ainsi se présente un parallèle entre l’écriture du voyage et celle du roman.

“Je suis bien revenu [à Pékin]” (Ch 11), “J’étais de retour à Rome” (ADR 1), “Je suis revenu à Ferrare” (NDF 9), “Et je reviens et je reviens sans fin au Monde réel” (SJR 119), le retour du narrateur à ces villes montre parfaitement une preuve de la coïncidence du lieu et de l’écriture, puisque le lieu ravive les souvenirs et donne finalement naissance à une nouvelle oeuvre.

Notes
174.

P.-J. Remy, Préface dans Voyage de Jean-Paul Caracalla, Olivier Orban, 1981, p.15.