UNIVERSITÉ LUMIÈRE LYON 2
FACULTÉ DES LETTRES, SCIENCES DU LANGAGE ET ARTS
THÈSE pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ LUMIÈRE LYON 2
Discipline : Langue et littérature françaises
le 20 décembre 2001
LE PARADOXE DANS LA POÉSIE DE JULES SUPERVIELLE
Directeur de thèse :
Monsieur le Professeur Jean-Yves DEBREUILLE
JURY :
Madame Colette GUEDJ, Professeur à l’Université de Nice
Monsieur Michel COLLOT, Professeur à l’Université de Paris X
Monsieur Jean-Yves DEBREUILLE, Professeur à l’Université Lumière Lyon 2
Monsieur Bruno GELAS, Professeur à l’Université Lumière Lyon 2

RESUME

La poésie de Jules Supervielle abonde en séquences paradoxales, certaines dissociatives, d’autres conjonctives — celles-ci beaucoup plus nombreuses que celles-là. Il apparaît en premier lieu que la nécessité du paradoxe se fonde sur certains traits identifiables de l’univers du poète, notamment la propension au jeu, l’instabilité régnante et la coexistence des principes disjonctif et conjonctif. Les différents types de séquences sont ensuite décrits sous plusieurs angles complémentaires (logique, lexical, syntaxique, prosodique, phonétique et thématique) de manière à faire émerger, outre la spécificité d’une pratique, les principales caractéristiques du code textuel. Ainsi sont mis en évidence d’une part l’effacement des oppositions au profit de continuums, d’autre part les zones de recoupement des thématiques d’élection des deux principes contraires. Puis sont envisagés les rapports très divers du paradoxe avec les contextes extratextuel et linguistique, ce qui amène à distinguer des séquences plus ou moins fortes et, devant la prégnance des structures paradoxales dans tous types de contextes, à situer résolument du côté du sujet l’origine de la figure. Enfin, l’analyse porte sur les fonctions conférées au paradoxe par la « grammaire » du texte, notamment dans la recherche de l’unité où, grâce à un mouvement de « bascule », il induit la saisie unifiante des structures duelles. Du reste, le rôle des séquences paradoxales dans la production et la structuration du texte ainsi que dans le « procès de la signifiance » fait apparaître la complémentarité des dynamiques disjonctive et conjonctive, et, à travers elle, l’originalité de la pratique du langage poétique chez Supervielle.

MOTS-CLÉS

SUMMARY

PARADOX IN THE POETRY OF JULES SUPERVIELLE

Jules Supervielle’s poetry abounds in paradoxical sequences, some dissociative, others conjunctive — the latter much more numerous than the former. First of all, it appears that necessity of paradox lies upon identifiable features of the poet’s universe, in particular propensity to play, prevalent instability and coexistence of disjunctive and conjunctive principles. Then, the different types of paradoxes are described from several complementary points of view (logical, lexical, syntactic, prosodic, phonetic and thematic) as to bring out, besides the specificity of a practice, the main characteristics of the textual code. In this way, it is stressed upon the blotting out of oppositions in the benefit of continuums on the one hand, on the other hand the intersection zones of the favourite thematics of both contrary principles. Afterwards, the various relationships between paradox and extratextual and linguistic contexts are analysed, which leads to distinguish more or less strong sequences and, considering the pregnancy of paradoxical structures in any type of contexts, to situate definitely the origin of the figure on the subject’s side. At last, the analysis bears upon the functions assigned to paradox by the textual « grammar », in particular in the pursuit of unity, in which it induces an unifying apprehension of dual structures owing to a « rocking motion ». Moreover, the part of paradoxical sequences in text production and structuration as well as in the « significance process » reveals the complementarity of disjunctive and conjunctive dynamics and, beyond, the originality of the practice of poetic language in Supervielle.

REMERCIEMENTS

Quelques mots à l’heure du point final, qui s’est bien fait attendre... Des mots et une pensée pour ceux qui ont aidé à la naissance de cette thèse, qui ont su me rassurer quand le doute était trop fort et me stimuler quand mes « gravitations » se ralentissaient au-delà du raisonnable.

Je voudrais d’abord remercier Monsieur le Professeur Jean-Yves Debreuille de sa disponibilité, de la promptitude et de la clarté de ses réponses, de l’impulsion qu’il m’a donnée en m’écrivant qu’« un directeur de thèse doit être quelqu’un que l’on consulte en cas de besoin, et non un surveillant » (j’avais donc la liberté et le garde-fou !) et de la pertinence de ses conseils quand ma réflexion, à force de creuser, oubliait d’avancer.

Merci à Dominique et à François, qui, en lisant ce travail, m’ont rendu plus léger le moment crucial de la dernière touche. Mais je n’oublie pas toutes les conversations qui, ces dernières années, m’ont aidé à mesurer plus lucidement — et plus sereinement — l’ampleur de l’entreprise.

Merci à Marc pour son aide précieuse au clavier et pour sa patience envers quelqu’un qui l’a harcelé de questions sur « l’outil informatique ».

Merci à Simone, puisqu’il est des cas où l’intention vaut l’action.

Merci à Hortensia pour sa minutie et son efficacité dans les tâches les plus fastidieuses, merci, surtout d’avoir été si présente dans la dernière ligne droite, qui, si je peux risquer ce paradoxe indigne de Supervielle, s’est avérée bien sinueuse.

Édition de référence :

OEuvres poétiques complètes, édition publiée sous la direction de Michel Collot, avec la collaboration de Françoise Brunot-Maussang, Dominique Combe, Christabel Grare, James Hiddleston, Hyun-Ja Kim-Schmidt, Michel Sandras, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1996, 1112 p.

N. B. :Dans les notes de bas de page, cette édition sera désignée par la simple mention Pléiade.

Soulignements :

Dans les citations de Supervielle, sauf indication contraire, c’est nous qui soulignons. Pour toute autre citation, il sera précisé qui est à l’origine du soulignement.