Où chercher les fondements d’une figure sinon dans le code où elle s’inscrit ? C’est bien lui en effet qui permet, voire favorise son émergence, qui détermine sa fréquence et son importance « stratégique »49 dans la poétique de l’auteur. Mais il y a code et code. Celui du genre peut déjà fournir une justification probante, quoique très générale, à l’abondance des séquences paradoxales chez Supervielle. ‘« La poésie est exploration de tous les possibles du langage’ »50, affirme le Groupe µ et Michael Riffaterre précise que « ‘c’est le trait caractéristique du discours poétique d’annuler systématiquement les incompatibilités établies par l’usage’ »51.
Mais si la grammaire du genre est riche d’enseignements, celle du texte, d’où le paradoxe tire directement les conditions de sa manifestation, sera à coup sûr plus éclairante. Là, en effet, et seulement là, se trouvent les traits qui rendent possible voire nécessaire le paradoxe, acceptable et signifiante sa très haute fréquence, et qui le désignent comme la figure accomplissant au mieux la logique du texte.
Ainsi n’est-il pas anodin que la même figure revienne plusieurs fois en position vedette, comme l’oxymore dans les titres de Supervielle.
Op. cit., p. 140.
Sémiotique de la poésie, Éd. du Seuil, coll. « Poétique », 1983, p. 96.