Bref, la poésie n’exclut ni le jeu ni le sourire :
Et que peut-on attendre du jeu, sinon un peu d’imprévu et d’insolite ? Les rapprochements inattendus ne manquent pas chez Supervielle, qui, en rendant « hommage à la vie », formule indirectement son projet poétique. « ‘C’est beau, dit-il,’
Or, pas de fête sans jeu et pas de jeu sans incertitude ni surprises : dans l’espace du poème, la « fête » offre des rencontres étonnantes et les mots les plus appauvris par l’usage retrouvent une nouvelle vigueur dans des contextes qui les « dépaysent ». On sait que le paradoxe s’inscrit dans la même logique.
« L’Ironie », L’Escalier, p. 579.
« Hommage à la vie », 1939-1945, p. 428. Dans une interview portant, il est vrai, sur son théâtre, Supervielle a confirmé son goût pour les mots les plus communs : « Je n’aime pas user de termes somptueux. [...] Et je suis toujours attiré par les mots pauvres » (« Supervielle nous parle du théâtre poétique », interview par Claude Cézan, Les Nouvelles littéraires, 7 octobre 1948). Rares sont les poèmes où il s’est départi de cette préférence (cf. « Paroares, rolliers, calandres, ramphocèles... », dans « Aux oiseaux », Débarcadères, p. 134, ou « Amphidontes, carinaires... », dans « La Belle au bois dormant », Gravitations, p. 178).