9. Le rôle du désir

En outre, si le papillon résulte ici, comme dans la nature, d’une métamorphose, quel écart entre les deux états ! Pour qu’une telle opération réussisse, il faut assurément que le désir soit « vif »210. Le désir : voilà donc identifiée la source des métamorphoses, mais aussi des paradoxes conjonctifs, issus d’une même tension impérieuse vers une forme radicale d’altérité. On peut certes s’étonner que le désir se nourrisse de telles rencontres et des transformations qui en résultent. Mais c’est un fait, l’éléphant ne désire rien tant que de voleter dans les airs et l’apogée de son plaisir se confond avec ses premiers battements d’ailes, bref, avec l’instant où il devient papillon. Autrement dit, l’enjeu du phénomène se situe au moment où l’être participe d’une double nature sans perdre son individualité — lorsque, comble du narcissisme, il peut contempler une image de lui-même à la hauteur de ses rêves.

Notes
210.

Cf. « Si vif est le penchant pour la métamorphose »

(« L’Autre Amérique », Le Forçat innocent, p. 284)