On l’a vu plus haut, l’importance d’un type d’énoncés se juge notamment par la place qui lui est dévolue dans l’espace du poème. Or, si les séquences inversantes ou redistributives se glissent aisément dans le corps du texte, beaucoup d’entre elles occupent une position clé. Ainsi trouve-t-on en début de strophe le chassé-croisé confondant habilement le charme de la poétesse et celui de ses vers538 ou, dans « Dieu derrière la montagne », l’interrogation qui relance la réflexion sur l’attitude de l’homme vis-à-vis de Dieu539.
La mise en relief est plus évidente encore lorsque l’énoncé paradoxal ouvre le poème :
ou le termine :
surtout si, comme ici, la formule est détachée du reste du poème.
La séquence peut se signaler par d’autres moyens, comme un changement de mètre :
ou une rupture énonciative impliquant un passage au discours direct :
Enfin, la séquence peut clore le recueil en même temps que le poème ; ainsi se termine en effet 1939-1945 :
La convergence avec les formes disjonctives est évidente : ici encore, la place assignée au paradoxe reflète l’efficacité que le code textuel lui reconnaît dans la manifestation de la dynamique dissociative.
« À un poète », Oublieuse mémoire, p. 533.
« Qui suis-je dans l’ombre égoïste
Pour traiter d’égal à égal
Ce Dieu qui soudain me résiste
Ou c’est moi qui lui fais du mal ? »
(« Dieu derrière la montagne », Le Corps tragique, p. 598)
« Le monde allait à reculons... », Le Corps tragique, p. 604.
« Comme une bienveillante et magnifique fleur... », Comme des voiliers, p. 21.
« Les Deux Soleils », L’Escalier, p. 587-588.
« Dans une goutte de la mer... », La Fable du monde, p. 371-372.
« Testament », 1939-1945, p. 469.