B. Les structures phonétiques

Quels rapports peuvent entretenir les niveaux phonétique et sémantique dans de telles séquences ? Sans doute doit-on reconnaître aux structures phoniques un rôle expressif. Ici les allitérations en [l] et en [s] et le retour des [i] en position accentuée évoquent la fluidité et la légèreté :

L’avenir sans un pl i gl i sse vers le passé556,

là les occlusives et la répétition du couple consonantique [tR] prennent une valeur dépréciative par opposition au vers précédent, où le retour de la nasale sous l’accent renforçait l’impression d’immensité :

Ici le contenu est tellement plus grand
Que le corps à l’étroit, le triste contenant557.

Une répétition permet ailleurs de souligner une involution :

Les agneaux regagnaient en silence le ventre de leurs mères qui en mouraient558.

Convenons-en néanmoins, le niveau phonétique joue ici un rôle limité : jamais il ne se constitue en anti-discours, autrement dit il n’entre pas dans la composition des paradoxes, qu’il se borne à mettre en relief, conformément à la tradition poétique.

Notes
556.

« Les Deux Soleils », L’Escalier, p. 588.

557.

« Le Corps », La Fable du monde, p. 374.

558.

« À Lautréamont », Gravitations, p. 222.