Conclusion

En définitive, les paradoxes dissociatifs forment un ensemble qui tire son unité de sa vocation : dans tous les cas, il s’agit de servir une logique centrifuge et d’exprimer la menace qui pèse sur la cohésion du monde poétique. Cette constante mise à part, la nature des énoncés peut varier considérablement. Les séquences disjonctives témoignent parfois d’un pouvoir transcendant les contradictions, mais le plus souvent elles enregistrent des coupures, des absences, des suspensions ou des insuffisances, qu’à l’occasion elles tentent de réparer ou de compenser. En général, cela ne suffit pas et les constats inquiétants ou douloureux se succèdent, le texte ne pouvant qu’entériner les disparitions, les fractures et les défaillances ontologiques, tout au plus dire le manque qui s’ensuit, le besoin impérieux de le combler ou la nostalgie de l’unité. Les inversions et les redistributions constituent des opérations plus complexes, puisqu’elles combinent la disjonction et la conjonction : elles séparent en effet pour réunir, selon des modèles qui leur sont propres. Par là elles inventent pour les ennemis héréditaires que sont le monde et l’homme un terrain de rencontre éminemment poétique : la liberté. On en connaît le prix : une instabilité généralisée. Une telle perspective annonce néanmoins par les rencontres qu’elle rend possibles les formules conjonctives que l’on s’apprête à découvrir.