2. La conjonction des contraires

Les contraires, en effet, se retrouvent volontiers dans des structures effaçant plus ou moins nettement la relation d’antinomie :

Ô limite précise et pourtant incertaine585
Je sens la profondeur où baigne l’altitude586
Et l’étrange miroir luit presque familier587
J’avance d’un pas incertain
Dans un temps proche et très lointain588
Pleurer de joie c’est pleurer de détresse589
Même quand le soleil le précède et le suit
L’homme montre un visage alourdi par la nuit590.

À l’évidence, la logique poétique accepte la cohabitation des contraires. Il s’ensuit qu’affirmation et négation pourront coexister sans peine :

Je suis et je ne suis plus591.

Notes
585.

« Impressions de haute mer », Poèmes, p. 61.

586.

« Plein de songe mon corps, plus d’un fanal s’allume... », Les Amis inconnus, p. 325.

587.

« “Quand le soleil... — Mais le soleil qu’en faites-vous...” », Les Amis inconnus, p. 338.

588.

« Le Relais », 1939-1945, p. 413.

589.

« Le Don des larmes », Le Corps tragique, p. 596.

590.

« La terre chante », Oublieuse mémoire, p. 509.

591.

« La tortue parle », Le Corps tragique, p. 644.