Cette forme de causalité tout empreinte d’affectivité induit des attirances paradoxales aux conséquences remarquables : poussée à l’extrême, la démarche conjonctive conduit à l’inclusion d’une entité dans son contraire ou son contradictoire. Le silence, par exemple, se plaît à nicher dans le bruit, voire dans le vacarme :
et la réciproque n’est pas exclue :
Ce glissement de la cohabitation à l’inclusion de l’un dans l’autre s’observe dans d’autres structures bipolaires :
La paire lumière / obscurité illustre également à plusieurs reprises le schéma A dans B, B représentant le contraire de A ou bien un métonyme de ce contraire, c’est-à-dire un contradictoire. La Nuit vient voir s’il existe une place pour elle en pleine lumière :
tandis que le (ou les) soleil(s) s’attarde(nt) dans les ténèbres :
ou bien s’y profile(nt) :
voire s’y dressent franchement :
Au total, les paradoxes conjonctifs présentent donc sur le plan logique une grande cohésion. Certes, ils manipulent tantôt les contraires, tantôt les contradictoires et on peut les voir s’organiser en configurations plus complexes, mais dans tous les cas ils exploitent les mêmes ressources du langage poétique, enfreignent les mêmes lois logico-sémantiques du code général. En outre, la conjonction paradoxale introduit de l’affectivité dans la causalité événementielle, à tel point parfois que les affinités entre les deux termes d’une opposition les poussent à trouver place au sein de leur contraire.
« Le Matin du monde », Gravitations, p. 171.
« Pour un poète mort », Les Amis inconnus, p. 312.
« La Belle Morte », Gravitations, p. 201.
« Soir créole », Poèmes, p. 104.
« Visite de la nuit », Les Amis inconnus, p. 345.
« Le Hors-venu », Les Amis inconnus, p. 305.
« La nuit, quand l’ombre est de silence et de velours...», Comme des voiliers, p. 35.
« Confiance », Naissances, p. 555.
« Colonies, ô colonies, ardeurs volantes... », Gravitations, p. 220.