La même distorsion entre lexique et syntaxe se retrouve dans les séquences formées d’un groupe verbal et d’un circonstant, quel que soit le rapport sémantique marqué par le complément :
Dans les formules jouant sur le temps et les catégories qui le structurent, le paradoxe entre GV et circonstant peut se compliquer, comme dans ces vers où l’emploi des temps verbaux vient renforcer la tension lexicale :
Certes, le lecteur perçoit une opposition entre « le jeu de l’amour » qui évoque sinon la jeunesse, du moins la vie, et le vers suivant qui fait allusion à la mort de l’énonciateur et de sa compagne. Cela dit, la figure résulte principalement du contraste entre l’imparfait et le futur mis en concordance. On voit par là que les temps verbaux peuvent contribuer à l’élaboration des conflits sémantiques dont se nourrit le paradoxe.
Ajoutons qu’il suffit parfois d’un mot pour qu’un paradoxe jaillisse de la rencontre verbe-circonstant — ainsi lorsque l’adverbe même se glisse dans un énoncé qui, sans lui, s’avérerait une platitude ou un truisme :
Ici en effet, seul le renchérissement provoque la tension sémantique qui convertit l’évidence en paradoxe.
« Le », Le Forçat innocent, p. 276.
« Le Souvenir », Les Amis inconnus, p. 320.
« Dieu parle à l’homme », La Fable du monde, p. 357.
« Dans l’oubli de mon corps », La Fable du monde, p. 391.
« Dialogue avec Jeanne », 1939-1945, p. 423.
« À Saint-John Perse », Le Corps tragique, p. 622.
« Le Spectateur », Les Amis inconnus, p. 323.
« Faire place », Les Amis inconnus, p. 344.