Autre type de séquences non tributaires des tensions entre lexique et syntaxe : celles qui renferment, du moins à première vue, une tautologie, un pléonasme ou une lapalissade. À ce titre, elles n’enfreignent pas la loi de non-contradiction, mais celle d’informativité, tout aussi importante du point de vue pragmatique. Doit-on les compter pour autant parmi les paradoxes ? La rhétorique traditionnelle s’y oppose : pour elle, truisme et paradoxe impliquent des transgressions très différentes à l’égard du code757 si bien que le premier ne saurait être considéré comme un avatar du second. Cependant, lorsqu’un poème évoque des « ‘yeux bleus / Tournés vers le dehors’ »758, n’implique-t-il pas que d’autres yeux regardent vers le dedans ? Le paradoxe s’est déplacé : il réside cette fois dans le sous-entendu, dans l’implicite. Le lecteur le découvre en filigrane dans les implications de ce qu’il ne peut plus regarder comme un simple truisme.
Les deux « écarts » ne sauraient du reste prétendre au même statut : le second est valorisé par la rhétorique, tandis que le premier est énergiquement condamné (cf. B. Dupriez : « Le truisme est une faute », op. cit. p. 460).
« Oloron-Sainte-Marie », Le Forçat innocent, p. 259.