A. Les séquences très courtes

Les exemples cités jusqu’à présent l’ont bien montré, la longueur des séquences conjonctives s’avère très variable. Il est rare que les plus brèves (moins de six syllabes) occupent tout un vers :

Et notre corps tombe
À n’en plus finir
Verticale tombe,
Est-ce là mourir ?773

En revanche, elles s’accommodent aisément de tous les cadres métriques. Si elles parviennent à se glisser dans les mètres courts (hexa-, hepta- ou octosyllabes) :

Feux noirs d’un bastingage774
Cachant mille couleurs
Dans sa boueuse gloire 775
Attisant sa flamme obscure 776
Cet air, ce prodige simple 777
Mon sang noircit d’un sombre éclat 778
Pour changer mes étoiles noires 779,

elles trouvent a fortiori leur place dans le décasyllabe ou l’alexandrin :

L’horrible beauté d’un palais trop sûr780
Mon coeur de chaque jour, ici noire est l’aurore 781
Il est place en mes vers pour un jour étoilé 782
Salut, entrons tous deux dans la mort des vivants 783.

Malgré sa brièveté, la formule peut enjamber sur le vers suivant, mais ceci reste exceptionnel :

Est-ce le maternel tombeau
Vivant dont vous vous souvenez [...] ?784

Notes
773.

« Céleste apocalypse », 1939-1945, p. 418.

774.

« Grands yeux dans ce visage... », Le Forçat innocent, p. 245.

775.

« La Terre », Oublieuse mémoire, p. 512.

776.

« 47 boulevard Lannes », Gravitations, p. 167.

777.

« L’Air », Le Corps tragique, p. 639.

778.

« L’obscurité me désaltère... », La Fable du monde, p. 377.

779.

« Shéhérazade parle », L’Escalier, p. 578.

780.

« La fervente Kha-Li ne pouvait se consoler de la guerre », Poèmes, p. 72.

781.

« Sans Dieu », Le Forçat innocent, p. 263.

782.

« Il est place en ces vers pour un jour étoilé... », 1939-1945, p. 462.

783.

« J’ai veillé si longtemps que j’en suis effrayant... », Le Corps tragique, p. 597.

784.

« L’obscurité me désaltère... », La Fable du monde, p. 377.