Quant aux configurations paradoxales décrites plus haut, elles présentent des formes encore plus variées que les simples séquences. Ainsi, deux paradoxes redondants847 ou complémentaires, accrochés l’un à l’autre ou imbriqués l’un dans l’autre, peuvent fort bien loger dans un seul vers :
Par contre, quand plusieurs séquences similaires se succèdent, la série de paradoxes occupe toute une strophe, sinon plus :
Enfin, quand la figure est promue matrice du texte (cf. « Alter ego »852), ou si elle prend une valeur emblématique comme dans « À la femme »853, où la féminité, quasi-insaisissable, ne se laisse entrevoir qu’à travers la dualité qu’elle transcende, le discours paradoxal peut s’étendre sur tout un fragment voire sur le poème tout entier.
On le voit, ce panorama des formes paradoxales envisagées du double point de vue de leur longueur et de leur distribution dans le cadre du vers ou du verset vient confirmer le précédent. Une telle variété, et surtout de tels écarts entre les différentes formes invitent à considérer le paradoxe chez Supervielle comme une dynamique multiforme indissociable de l’écriture poétique — et non comme une procédé unique ni même comme un ensemble clos de structures. Bref, les critères changent, mais ils conduisent au même constat.
L’adjectif redondant est pris ici dans son sens linguistique ; il n’implique par conséquent aucun jugement de valeur.
« Maladie », 1939-1945, p. 466.
« La terre chante », Oublieuse mémoire, p. 510.
« Il est place en ces vers pour un jour étoilé... », 1939-1945, p. 462.
« L’Oiseau de vie », Oublieuse mémoire, p. 493.
Les Amis inconnus, p. 338.
Oublieuse mémoire, p. 533.