B. Aux positions clés du poème

a) Au début

La mise en relief se fait plus énergique encore lorsque le paradoxe ouvre le poème, révélant ainsi son rôle déclencheur dans l’écriture poétique. Le phénomène se répète d’un recueil à l’autre, quelle que soit la longueur du mètre ou de la séquence :

Suffit d’une bougie
Pour éclairer le monde879
Il est place en ces vers pour un jour étoilé,
Pour une nuit où tremble un lunaire soleil880
Candélabres de la noirceur,
[...]
Arbres, mes frères et mes soeurs,
Nous sommes de même famille881
Croyez-moi, rien n’est plus grand que la chambre d’un malade882
Trop grand le ciel trop grand je ne sais où me mettre
Trop profond l’océan point de place pour moi883
Et pour mieux connaître ma route
Je ferme les yeux et j’écoute884
Une apparition tonnante de corbeaux
N’est-ce pas suffisant pour éclairer les êtres885.

De même, le poème en prose peut commencer par un paradoxe :

Je suis et je ne suis plus. Je suis devenue le post-scriptum en écaille de moi-même886 ’ ‘ Il m’arrive souvent de me dire que le poète est celui qui cherche sa pensée et redoute de la trouver. La trouve-t-il qu’il pourrait bien cesser d’être un poète887.’
Notes
879.

« Coeur », Gravitations, p. 193.

880.

« Il est place en ces vers pour un jour étoilé... », 1939-1945, p. 462.

881.

« Arbres dans la nuit et le jour », 1939-1945, p. 432.

882.

« Le Chant du malade », L’Escalier, p. 574.

883.

« Le Malade », Naissances, p. 553.

884.

« Croire sans croire », L’Escalier, p. 584.

885.

« Une apparition tonnante de corbeaux... », Le Corps tragique, p. 599.

886.

« La tortue parle », Le Corps tragique, p. 644.

887.

« Chercher sa pensée », Le Corps tragique, p. 652.