b) À la fin du poème

La symétrie est ici tellement prégnante qu’on ne s’étonnera pas de la fréquence élevée des chutes paradoxales :

Nous luisons comme la mort888
Notre crainte de mourir,
Notre douceur de mourir889
De petits pas anciens dans les escaliers d’à présent890
Et nous sommes perdus parmi nos familiers891
Pour ne pas nous trahir
En demeurant pareille892
Puisqu’est derrière lui le meilleur de l’espoir893
Immobiles, changer un petit peu de place894
Notre secret si mal, si bien gardé895
Qu’on donne maintenant la parole au silence !896
Nous qui ne croyons pas,
Nous qui prions pour vous897.

Il arrive du reste que le discours paradoxal prenne en position finale une certaine ampleur :

Mon pain noiraud de poésie
[...] si mal me rassasie
Qu’il augmente encore ma faim898
Elle [...] les exhorte
À s’approcher de sa blancheur
Mais elle est noire à faire peur899.

Évidemment, les séquences longues peuvent aussi bien clore un poème irrégulier ou en prose :

Alors s’allument un à un les phares des profondeurs
Qui sont violemment plus noirs que la noirceur900
Elle serait bien capable de nous arriver tout doucement avant même de partir901.

Notes
888.

« La Terre », Débarcadères, p. 143.

889.

« Offrande », Gravitations, p. 205.

890.

« L’Enfant et les Escaliers », La Fable du monde, p. 389.

891.

« Des deux côtés des Pyrénées », 1939-1945, p. 408.

892.

« Paris », 1939-1945, p. 410.

893.

« J’aurai rêvé ma vie à l’instar des rivières... », Oublieuse mémoire, p. 487.

894.

« Sonnet », Oublieuse mémoire, p. 492.

895.

« Ce pur enfant », Naissances, p. 543.

896.

« Une apparition tonnante de corbeaux... », Le Corps tragique, p. 599.

897.

« À nos amis hongrois », Le Corps tragique, p. 613.

898.

« Ces longues jambes que je vois... », À la nuit, p. 480.

899.

« Attente », Oublieuse mémoire, p. 531.

900.

« 400 atmosphères », Gravitations, p. 206.

901.

« Rythmes célestes », Le Corps tragique, p. 647.