Déjà assez divers par nature, le discours paradoxal des mètres pairs est complété par celui des vers impairs qui confère en contrepoint des tonalités souvent étranges aux séquences conjonctives. En effet, s’il peut arriver à l’impair d’envisager la dualité :
c’est d’ordinaire pour mettre l’accent sur l’ambiguïté plus que sur l’ambivalence :
Le mètre impair aime à dire l’insaisissable et le mystère ; rien d’étonnant, par conséquent — du moins au regard d’une certaine représentation de la féminité —, si la femme est évoquée par des séries de séquences paradoxales impaires :
Mais les énigmes n’ont pas que des attraits. Elles engendrent parfois la perplexité et le désarroi :
Si la synthèse n’est pas rigoureusement impossible dans un vers impair :
elle demeure l’exception ; d’ordinaire, les deux termes de l’opposition ne se rejoignent pas, comme ici l’être et le non-être, entre lesquels le lecteur ne peut trancher :
Le doute s’installe alors au coeur du texte, minant tout ensemble l’énoncé et l’énonciateur, tandis que s’esquisse sous nos yeux un monde parallèle empreint d’irréalité, comme taillé dans « l’étoffe dont sont faits les rêves » :
Mais le rêve se révèle un refuge insuffisant face aux imperfections du monde et aux insatisfactions qu’elles engendrent. La faiblesse, l’inadéquation, le manque, la mort et la destruction investissent alors les cadres impairs :
« Marseille », Débarcadères, p. 141.
« Alarme », Gravitations, p. 203.
« Offrande », Gravitations, p. 205.
« Le Temps des métamorphoses », 1939-1945, p. 431.
« Le Spectateur », Les Amis inconnus, p. 323.
« À la femme », Oublieuse mémoire, p. 534.
« Loin de l’humaine saison », Gravitations, p. 214.
« Une main entre les miennes... », L’Escalier, p. 581.
« Portrait », Oublieuse mémoire, p. 505.
« Le Spectateur », Les Amis inconnus, p. 322.
« Nuit en moi, nuit au dehors... », La Fable du monde, p. 382.
« Ô Dieu très atténué... », La Fable du monde, p. 370.
Ibid.
« L’Aube dans la chambre », Les Amis inconnus, p. 309.
« La Terre », Débarcadères, p. 143.
« L’Émigrant », Le Forçat innocent, p. 291.
« Survivre », Oublieuse mémoire, p. 538.
« Finale », Le Corps tragique, p. 604.