Mais les catégories qui servent à rendre compte du monde extérieur sont elles aussi transformées par la levée des oppositions. L’unicité cesse de s’opposer à la pluralité et l’homme peut rester unique tout en se multipliant :
Chaleur et fraîcheur sont présentées comme compatibles :
ainsi que légèreté et pesanteur, quand le nuage emporte les plus grosses masses dans son étoffe vaporeuse :
De même, solidité et fragilité, inscrites sur un continuum, sont réunies dans le discours paradoxal :
tout comme matérialité et immatérialité :
Réalité ou illusion ? La question se pose chaque fois que le poème donne des indices de l’une et de l’autre simultanément. Le logicien parle dans ce cas d’indécidabilité :
Mais le texte poétique, lui, n’a pas à trancher. Dans sa « logique », la même scène peut s’avérer réelle et illusoire, et la même entité tout à la fois être et ne pas être.
« Quand le sombre et le trouble et tous les chiens de l’âme... », La Fable du monde, p. 383.
« L’Autre Amérique », Le Forçat innocent, p. 284.
« Le Nuage », Gravitations, p. 181.
« Notre ère », L’Escalier, p. 586.
« Le Spectateur », Les Amis inconnus, p. 322.
« Toujours sans titre », Les Amis inconnus, p. 336.