A. Une psychologie paradoxale

Parmi les traits psychologiques que le paradoxe exprime avec une certaine insistance, signalons d’abord la méconnaissance de soi, telle que chacun reste pour soi-même une énigme :

Mais, ô raison, n’es-tu pas déraison
Qui dans mon crâne aurait changé de nom [...] ?1198
Hélas j’aurai passé ma vie à penser à autre chose,
Cette autre chose c’est encor moi, c’est peut-être mon vrai moi-même1199
Je me suis parlé à moi-même quand je ne sais pas bien si j’existe1200.

Du fond de sa psyché, l’homme sent néanmoins monter un obscur sentiment de culpabilité qui va lui inspirer des comportements paradoxaux :

Tu t’accuses de crimes
Que tu n’as pas commis1201.

Du reste, une sourde inclination pour la douleur le prédispose à accueillir tout le malheur du monde : ‘« Tout le carnage et le tapage’ » parviendront ainsi à loger dans un « ‘tout jeune visage’ »1202.

Notes
1198.

« L’Ironie », L’Escalier, p. 579.

1199.

« Prière à l’inconnu », La Fable du monde, p. 363.

1200.

Ibid., p. 364.

1201.

« Tu t’accuses de crimes... », Le Forçat innocent, p. 262.

1202.

« Souffrir », 1939-1945, p. 420.