B. Les anges

Manifestement, chez Supervielle, la transcendance a partie liée avec le paradoxe. Les anges le confirment. Tandis que la tradition les situe dans le ciel et leur prête des pouvoirs surnaturels, celui de L’Escalier est confiné sous terre et dépeint comme

[...] un ange dépouillé
Et de boue un peu barbouillé
[...]
D’autant plus proche qu’empoté1247.

En outre, les serviteurs de Dieu perdent ici leur immortalité :

Cette bombe avait détruit
Même les anges du ciel1248.

Le paradoxe s’emploierait-il seulement à retirer aux anges leurs attributs essentiels ? Nous voici de nouveau devant une ambivalence : « l’Ange des catacombes » a beau être « ‘le plus humain de tous’ »1249, il n’en possède pas moins un don surnaturel :

Ton miracle, ô doux entêté,
C’est d’être là quand tu t’absentes1250.

Des pouvoirs quasi-divins pour un destin presque humain, tels sont les anges. Mais le parallèle avec Dieu s’arrête là, puisqu’ils ne suscitent, quant à eux, aucune interrogation métaphysique.

Notes
1247.

« L’Ange des catacombes », p. 588.

1248.

« Finale », Le Corps tragique, p. 604.

1249.

L’Escalier, p. 588.

1250.

Ibid., p. 589.