Le destin de la France, précisément, transcende celui de ses habitants. En temps de guerre, le poète s’adresse à elle comme à un être supérieur endurant son calvaire et des accents mystiques1256 lui viennent tout naturellement. Alors les paradoxes permettent de dire la profondeur et la durée d’une souffrance :
d’où — conformément à la perspective religieuse qui transforme toute douleur en épreuve — la France sortira forcément grandie :
Mais ce n’est pas tout : l’amour, la compassion et le respect inspirés par la patrie se traduisent eux aussi par des paradoxes :
Liée à la France par un rapport synecdochique, sa capitale suscite les mêmes sentiments. Dans Poèmes de la France malheureuse, un texte commence par cette invocation :
pour se terminer sur un paradoxe où s’expriment, par-delà la préciosité de surface, un héroïsme et une fidélité de martyr :
Ainsi le Paris « de poésie » est-il élevé au rang d’entité supérieure, que l’on invoque et pour qui l’on consent les plus grands sacrifices. Le texte lui confère de surcroît des pouvoirs surnaturels exprimés eux aussi par des paradoxes conjonctifs :
Dans les Poèmes de la France malheureuse, de nombreuses formules évoquent en effet une expérience mystique, où la souffrance se mêle au sentiment de partager intimement, physiquement, celle de l’être supérieur auquel on lie son propre sort. Plusieurs expressions renvoient d’ailleurs sans équivoque à la mystique chrétienne :
« France, [...]
Tu nous rends le sang épineux
[...]
Tu nous assoiffes de ta peine »
(« France », 1939-1945, p. 415).
Cf. encore :
« Ô visage sanglant mais combien radieux »
(ibid., p. 416).
Ibid., p. 416.
Ibid.
Ibid., p. 415.
« Paris », 1939-1945, p. 410.
Ibid.
« Paris », Naissances, p. 554.
Ibid.