Le thème de la mer offre un exemple du premier cas de figure lorsque le texte enchaîne plusieurs séquences conjonctives non loin d’une formule disjonctive :
L’amour, comme la mer, suscite les deux types de paradoxes. Au début de » Bon voisinage », la distance est posée, dans des vers qui forment d’ailleurs un paradoxe avec le titre :
Mais « l’amour pur », qui « rapproche [...] les êtres » par-dessus les océans, manifeste ses pouvoirs dans deux séquences, l’une, conjonctive :
l’autre, disjonctive :
De même, le thème du jeu conjugue les deux procédés : « Le Mirliton magique », « divertissement » destiné à la petite-fille du poète, exploite tous les ressorts du paradoxe, qu’il soit conjonctif ou dissociatif, pour créer surprise et fantaisie. Citons, parmi les séquences disjonctives, celle qui ouvre le poème :
et pour y faire pendant, ces formules conjonctives en boucle :
Enfin, Venise, présentée comme le symbole de la création poétique ‘(« Elle sait, comme les poètes, l’art de réconcilier les contraires’ »1288), provoque elle aussi le rapprochement des deux types de séquences, comme pour rappeler la nature de la poésie — forcément double, sous l’effet des deux dynamiques opposées —, et le primat d’une logique subjective, d’un regard qui, au besoin, ne s’interdit pas la naïveté (cf. ci-dessous « carrosses sans roues »), mais surtout s’octroie la liberté de disjoindre et de réunir, de séparer comme de réconcilier :
« La Mer proche », Oublieuse mémoire, p. 513.
Oublieuse mémoire, p. 530.
Ibid.
Le Corps tragique, p. 628.
Ibid., p. 629.
« Venise », Le Corps tragique, p. 647.
Ibid.