II. Le contexte linguistique du paradoxe

Cela dit, on ne pourra apprécier le paradoxe in situ sans se référer au contexte linguistique1370. Or, pour être opératoire, cette notion oblige à distinguer plusieurs niveaux, du macrocontexte au contexte proche. Nous envisagerons donc successivement l’oeuvre, le recueil et la section, puis, évidemment, le poème et le contexte immédiat. Ces deux derniers niveaux revêtiront une importance particulière, puisqu’ils constituent le contexte le plus étroitement lié à la séquence, mais aussi le seul perceptible pour la plupart des lecteurs, qui reconnaissent lire les poèmes isolément1371. Sans doute recourons-nous ici à deux critères divergents, le second (la réception) occultant l’organicité de l’ensemble postulée par le premier (la prise en compte de l’oeuvre, du recueil et de la section). Il reste qu’on ne saurait faire totalement abstraction des pratiques de lecture dès lors qu’elles influent sur la perception du paradoxe.

Notes
1370.

Nous aurions pu utiliser ici le terme de cotexte. Nous avons préféré, à la suite d’Oswald Ducrot et Jean-Marie Schaeffer, « appel[er] ici contexte, en suivant la terminologie traditionnelle, l’entourage linguistique d’un élément » (Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Éd. du Seuil, coll. « Points Essais », n° 397, 1995, p. 764), afin, notamment, de ne pas multiplier les néologismes (microcotexte, macrocotexte...).

1371.

Une enquête menée auprès de 116 étudiants et stagiaires du centre IUFM de Perpignan montre que la très grande majorité des lecteurs ne lit pas les recueils, ni même les sections, dans leur intégralité. De plus, parmi ceux qui déclarent lire les recueils en entier, les deux tiers s’interrompent n’importe où, « quand ils en ont assez », et non pas forcément à la fin d’une section. Cela, évidemment, ne favorise pas la perception de l’architecture d’ensemble et amortit les jeux d’écho à l’intérieur de la section.