L’intégration des séquences paradoxales peut s’effectuer par un autre biais. En effet, le paradoxe survient fréquemment à la croisée de deux logiques discursives a priori incompatibles et cette rencontre donne à voir très lisiblement les fondements de la figure.
D’abord, il est évidemment possible de produire des séquences paradoxales et simultanément d’en diluer les contradictions en les mettant en scène et en les répartissant sur deux instances énonciatrices. Ainsi, grâce aux dialogues, le poème peut juxtaposer des assertions relevant de perspectives opposées, comme on l’a vu dans « L’Oiseau »1519, où deux subjectivités s’expriment sans qu’aucun terrain d’entente ne soit trouvé. Mais comme « Alter ego »1520 l’a montré, il n’est pas besoin d’être physiquement deux pour être divisé et la dualité peut induire chez un même personnage des propos qui, mis bout à bout, forment des paradoxes de même nature : dans les deux cas, le segment paradoxal est une manifestation du principe de dualité dégagé plus haut.
Les Amis inconnus, p. 300-301.
Les Amis inconnus, p. 338-339.