Plusieurs exemples — dont le dernier — l’ont suggéré, le paradoxe peut s’appuyer sur une syllepse. Ces deux versets le confirment :
puisque loin y dénote au sens propre la distance physique et au figuré celle qui sépare irréductiblement les espèces. Or, comme l’écrit Bernard Dupriez, « ‘la syllepse est une des formes du jeu de mots’ »1545. En confondant les points de vue, la poésie de Supervielle offre en effet plus d’un exemple du « mot d’esprit » tel que l’analyse A.-J. Greimas dans Sémantique structurale :
‘ [D]eux isotopies sont reliées entre elles par le terme connecteur commun. [...] Le plaisir « spirituel » réside dans la découverte de deux isotopies différentes à l’intérieur d’un récit supposé homogène. 1546 ’Dans « Les Poèmes de l’humour triste », le poète, s’adressant au mort qu’il sera, se dépeint par avance d’une formule un peu voyante :
et l’adjectif clair :
Bref, le paradoxe fonctionne ici comme le « bon mot » selon Greimas :
‘ [Il] élève au niveau de la conscience les variations des isotopies du discours, variations qu’on fait semblant de camoufler, en même temps, par la présence du terme connecteur.1550 ’« Arbres malgré les événements... », La Fable du monde, p. 385.
Art. « Syllepse de sens », op. cit., p. 434.
P. 71. Les exemples qui suivent, tirés de textes discursifs, montrent que l’analyse de Greimas ne s’applique pas qu’au récit.
« Tu mourus de pansympathie... », Poèmes, p. 75.
« Madame », Oublieuse mémoire, p. 491.
« Compagnons du silence, il est temps de partir... », 1939-1945, p. 441.
Op. cit., p. 71.