Rien d’étonnant, au vu de ces quelques formes, si l’atténuation interne s’appuie aussi sur des modalisateurs :
Une locution marquant prudemment que l’on juge selon les apparences peut également se glisser dans la séquence :
de même qu’un verbe exprimant le doute :
Mais l’atténuation de l’effet paradoxal passe aussi par sa reconnaissance à travers un coordonnant à valeur adversative :
En fait, le texte apparaît ici encore comme polyphonique : à travers le connecteur, E1, l’énonciateur de la « normalité », à la fois annonce et reconnaît le paradoxe que de son côté, E2 mène à son terme. Certes, le rôle joué par E1 reste secondaire. Il est cependant significatif que le texte lui donne la parole, comme s’il devait absolument enregistrer le rapport paradoxal et en porter la trace. En effet, aucun des exemples précédents ne témoigne d’une parfaite impassibilité de la part de E1 — ce qui serait le cas si l’on avait par exemple : Le jeu reste complet / Et toujours mutilé. La tension lexicale l’a fait sortir de sa réserve, il en a pris acte.
En somme, termes transitionnels, marques grammaticales ou lexicales de modalisation, connecteurs, tous traduisent à des degrés divers la conscience du rapport paradoxal, lequel se trouve forcément affaibli par ces références implicites à la logique dominante.
« À une enfant », Gravitations, p. 161.
« Prière à l’inconnu », La Fable du monde, p. 364.
« Dans votre grand silence... », Le Forçat innocent, p. 250.
« 47 boulevard Lannes », Gravitations, p. 166.
« Dans la pampa », Poèmes, p. 58.
« Impressions de haute mer », Poèmes, p. 61.
« Comme un boeuf bavant au labour... », Débarcadères, p. 123.
« Figures », Les Amis inconnus, p. 303.
« Visite de la nuit », Les Amis inconnus, p. 345.
« Dieu pense à l’homme », La Fable du monde, p. 354.