2. Le paradoxe hyperbolique

On ne s’en étonnera pas, la mise en relief et le soulignement glissent parfois vers l’hyperbole, comme dans ces vers où s’exprime le sentiment de solitude né de l’exil :

Ici tout m’est brouillard et malgré sa rudesse
Ce soleil ne sait pas descendre dans ma nuit 1669.

De même, la vocation de l’homme pour la souffrance ou les effets dévastateurs d’une bombe inspirent au poète des séquences hyperboliques :

Et de ce front à ce menton
On peut loger commodément
Mille lieues carrées de tourment1670
Cette bombe avait détruit
Même les anges du ciel1671

Coulé dans la structure de la comparaison, ce type de paradoxe peut du reste s’avérer très expressif, comme en témoigne « Notre ère »1672, où la fragilité du monde est assimilée à celle d’une coupe de cristal.

Notes
1669.

« Les Couleurs de ce jour », 1939-1945, p. 413.

1670.

« Souffrir », 1939-1945, p. 420.

1671.

« Finale », Le Corps tragique, p. 604.

1672.

L’Escalier, p. 586.