3. Le paradoxe laudatif

Mais les procédures d’amplification ne se limitent pas au malheur et à l’angoisse. Le paradoxe peut aussi magnifier des êtres ou des choses en leur prêtant des pouvoirs surnaturels. On s’en souvient, chacune des créatures mythiques de l’univers de Supervielle suscite un discours paradoxal abondant. C’est le cas de la Femme, souvent parée d’attributs surnaturels, de Dieu et des anges, mais aussi de la France et de sa capitale. On se contentera ici de rappeler deux exemples :

Ô familière inconnue !
[...]
Même de loin, toute proche,
Approchante, tu t’éloignes...1673
Dieu allant à pas de géant
De l’un à l’autre tout le temps
Sans avoir besoin de bouger1674.

Bref, conformément à la tradition rhétorique, le paradoxe superviellien peut remplir une fonction emphatique susceptible de revêtir les formes de l’hyperbole ou de l’apologie.

Notes
1673.

« À la femme », Oublieuse mémoire, p. 534.

1674.

« La Colombe », Oublieuse mémoire, p. 494.