Dans l’univers poétique, la recherche semble sans fin, entretenue sans doute par une insatisfaction foncière :
Dans cette aventure, tenir l’un des deux termes d’une opposition ne saurait suffire, de sorte que l’on se prend à poursuivre au coeur de toute chose son contraire. Le coq de « ‘Comme des voiliers » « dans la nuit [...] cherche au loin le soleil’ »1747, l’énonciateur de « La Belle Morte » déclare :
et « Le Mort en peine » :
Ainsi le paradoxe laisse-t-il entrevoir une unité sous-jacente en même temps qu’il fournit le moyen d’en faire l’expérience. Il pose entre les contraires un rapport de compatibilité, ou plus exactement, de continuité. Soucieux de « ‘tisser des liens avec des mots’ »1750, Supervielle dote ses poèmes d’une ‘« continuité qui semble aplanir les différences, effacer les contradictions ’»1751. L’enjeu semble alors de parcourir l’espace logico-sémantique qui, grâce à sa structure en continu, relie les deux contraires si fermement qu’ils apparaissent comme les avatars d’une même entité.
« Venise », Le Corps tragique, p. 647.
« La nuit, quand l’ombre est de silence et de velours... », p. 35.
Gravitations, p. 201.
1939-1945, p. 447.
Philippe Jaccottet, L’Entretien des Muses, Gallimard, 1968, p. 21.
Ibid., p. 22.