VII. Le paradoxe dans « le procès de la signifiance »

Mais si important que soit le rôle du paradoxe sur le plan de la signification, c’est-à-dire « ‘du produit’ », ou « ‘de l’énoncé’ », on ne peut négliger celui qu’il tient au plan de la signifiance, autrement dit, « ‘de la production, de l’énonciation’ »1876. Quels sont les indices qui, sur ce terrain, vont nous mettre sur la voie ? Tournons-nous vers Michael Riffaterre : « ‘Le poème découvre la propriété de ce qu’il énonce dans les mots mêmes qui sembleraient les plus inappropriés : c’est là sa signifiance’ »1877. Au regard d’un tel critère, on voit que le paradoxe entre dans le champ de la signifiance. Pour le lecteur qui découvre le texte, il constitue en effet une « ‘agrammaticalité’ »1878 et pour cette raison même, on peut en attendre de précieuses indications si l’on admet avec l’auteur de Sémiotique de la poésie que « [‘l’]agrammaticalité est à la fois le lieu de l’obscurité et l’indicateur de la solution’ »1879.

Notes
1876.

Roland Barthes, Encyclopædia Universalis, art. « Théorie du texte », CD-ROM, 1995.

1877.

Op. cit., p. 141.

1878.

Chez Michael Riffaterre, « le terme désigne tout fait textuel qui donne au lecteur le sentiment qu’une règle est violée, même si la préexistence de la règle demeure indémontrable, même si l’on n’imagine de règle que pour rationaliser a posteriori un blocage de la communication courante » (op. cit., p. 13, note du traducteur, Jean-Jacques Thomas).

1879.

P. 201.