L'identité n'est point donnée toute faite aux débuts de la vie mentale. Toutefois, « l'identification progresse rapidement avec constitution et organisation des schèmes d'assimilation à l'action et il en résulte dès la fin de la première année deux formes complémentaires et solidaires d'identités qui subsisteront la vie durant :
celle de l'objet avec sa permanence substantielle et sa localisation dans le continu spatio-temporel
celle du corps propre ainsi que du moi qui lui est attaché.
Entre les deux se situe la permanence, ou identité du corps d'autrui, qui est à la fois l'objet extérieur acquérant le plus rapidement une permanence substantielle et le modèle en interaction avec lequel se construisent les schèmes du corps propre et du moi ».104
La genèse des formes d'identité que nous avons étudiées à travers les quatre niveaux, commence par se manifester sous la forme d'une identité qualitative semi-générique ou par assimilation à des schèmes d'actions puis, évolue grâce au double effet de l'attention portée sur les différences objectives et de la construction graduelle des relations quantitatives à partir des seules qualités et leurs variations intensives.
Au niveau 1 : l'identité se manifeste par assimilation de l'objet aux schèmes de l'action.
Au niveau 2 : elle est niée lors des moindres changements de formes.
Au niveau 3 : elle est de plus en plus subordonnée à des considérations quantitatives.
Au niveau 4 : elle trouve enfin un statut équilibré par sa différenciation d'une part, et sa mise en relation par subordination d'autre part, eu égard aux conservations quantitatives naissantes qui ne dérivent pas de l'identité mais l'intègrent ou l'englobent à titre de cas particulier d'opération.
Piaget, 1968, p.61