III . IdentitÉ et classification

L'identité, même qualitative et individualisée, est toujours solidaire d'un système d'ensemble. Observons à chaque niveau les liens qui existent entre identité et classification.

Au niveau 1, l'identité, qui se présente sous une forme primitive semi-générique et d'assimilation à des schèmes, est dépendante du système de ces schèmes. Le sujet limite son identification de l’objet à la permanence substancielle. Les schèmes qu’il exerce sont spatio-temporels et pratiques. L’identité du corps propre est également spatio-temporelle.

Le sujet, à travers une approche plus exigeante et plus systématique, consolide les identités en restreignant leurs extensions ; il construit des identités qualitatives et individuelles mais pas encore les structures opératoires avec leurs conservations.

Au niveau 2, l'identité serait solidaire d'une classification préopératoire qu'il faut bien distinguer de la classification opératoire (qui suppose réunion et dissociation réversibles, systèmes d'inclusions quantifiées en extension...)

L'identité qualitative de l'objet individuel résulte d'une synthèse entre l'unicité et la continuité de l'objet et la réunion des propriétés que possède cet élément unique et continu et qui lui appartient de façon permanente. Toutefois, cette synthèse ne se présente pas sous une forme bien évoluée puisqu'elle ne consiste qu'à réunir par juxtaposition ou énumération les « appartenances qualitatives » jugées constitutives de l'objet et à les dissocier des caractères non constitutifs de l'objet. Le passage du niveau 2 au niveau 3 s'effectue grâce à la régularisation et la systématisation de cette dissociation.

L’identité qualitative se distingue bien de la conservation d’une quantité demeurant au travers des transformations et constatée au moyen de la composition même de ces transformations. A ce stade, on ne peut rien prévoir des rapports entre le comportement et l’identité.

C’est par l’affermissement de l’Identité grâce à la compréhension qu’un changement de forme ou de quantité n'affecte pas les autres propriétés de l'objet, que s’effectue le passage du niveau II au niveau III.

A partir du niveau 3, l'enfant parvient à réaliser des collections non figurales, de plus en plus différenciées en sous-classes emboîtées auxquelles il ne manque que la quantification de l'inclusion pour devenir opératoires. Il parvient aussi à dépasser les simples appartenances qualitatives. Il dissocie en bonne partie l'extension et la compréhension. L'extension est mieux quantifiée et les caractères constitutifs d'un objet en fonction de ces meilleures classifications sont distincts des caractères non constitutifs et, de ce fait, mieux stabilisés.