c . LA LIAISON D'IMPLICATION ET LES « PARCE QUE » LOGIQUES

Il semble être utile de repréciser ce que J. Piaget appelle « liaison logique ou d'implication ». C'est la liaison utilisée pour relier une raison à une conséquence, ou un jugement à sa preuve ou à son antécédent logique.

On s'aperçoit que dans de nombreux cas, l'enfant substitue une explication psychologique à une justification logique. Par exemple 2 + 2 = 5 est impossible parce que :

L'enfant ne manque pas forcément d'informations ou de connaissances pour effectuer ces démonstrations. Par contre, il n'a pas conscience des définitions des notions et ne sait pas suffisamment manier ces notions.

« ‘On pourrait donc dire que c'est faute de posséder des définitions que l'enfant ne sait pas utiliser la justification logique, mais ce serait là, s'enfermer dans un cercle vicieux, car c'est précisément le besoin de justification logique qui fait prendre conscience de la définition des notions que l'on se contentait auparavant de « manier sans autres.’ »126

L'enfant n'a conscience que de cas singuliers sur lesquels porte sa réponse et ne parvient pas à exprimer les lois générales correspondantes qui sont sous-entendues. Même si l'enfant a un raisonnement parfaitement juste, il ne sait pas justifier son raisonnement parce qu'il est habitué à sous-entendre l'essentiel. Ce que l'enfant sous-entend dans son raisonnement est appelé « l'essentiel » ou « la raison logique » par J. Piaget.

J. Piaget insiste sur la prise de conscience nécessaire des notions que l'enfant manie. « ‘Quand nous disons que l'enfant sait manier une notion avant d'en avoir pris conscience, nous entendons en effet qu'il s'est formé peu à peu dans l'esprit (c'est-à-dire dans les actions esquissées) de l'enfant un schéma (c'est-à-dire un type unique de réaction) applicable à toutes les fois qu'on parle d'un petit chat, d'une moitié... mais qui ne correspond pas encore à une expression verbale. Cette expression verbale, seule, amènera le schéma à la conscience et le transformera en une proposition générale ou en une définition. La prise de conscience de la pensée propre dépend de facteurs sociaux tels que le besoin de convaincre... ’»127

Notes
126.

Le jugement et le raisonnement chez l'enfant, p . 31

127.

Le jugement et le raisonnement chez l'enfant, p. 32