Vinh Bang définit l'identité en référence à la notion de causalité. « ‘Pour l'enfant l'identité se justifie alors par une causalité’ ». Il relie ainsi le problème de l'identité à l'explication causale. Quant à D. Bellano, il précise que le lien causal rend « ‘une situation d'autant plus identifiable que chaque état est conçu comme le résultat d'une action renouvelable’ ». L'identifiable, comme processus organisateur de la pensée est ainsi à mettre en lien avec la causalité au sens d'une prise de conscience des propriétés inhérentes aux actions du sujet.
C'est par rapport à des situations de transformations de l'objet que le problème de la causalité dans la construction de l'objet apparaît. Vinh Bang analyse l'identité en termes de conservation de certains aspects identiques malgré les différences apparentes de deux objets perçus successivement. Serait-ce la capacité d'abstraire l'identique dans le changement au regard de la transformation ? Il en vient alors à s'interroger sur ce qui fonde la reconnaissance de ce qui est identique à travers une transformation qui vise à substituer un objet à un autre derrière un écran.
La question de l'identité ne semble pas se poser dans le cas de l'identité totale, c'est-à-dire dans le cas où l'objet initial demeure en tous points identique à l'objet final. Dans ce cas, l'identité est de l'ordre de l'évidence et favorise une justification figurative puisqu'elle ne nécessite aucune construction opératoire.
La question de la conservation de l'identité nécessite l'exploration de la nature des explications que fournit l'enfant pour justifier le caractère identique de l'objet ou «une certaine identité». Vinh Bang précise que « ‘c'est de la reconnaissance d'une certaine identité que naît soit l'impression soit l'explication causale’ ».129 Il distingue en effet l'identité totale où les objets sont en tous points identiques d'une certaine identité qui s'explique au-delà de la perception de l'objet comme modifié ou transformé. Dans le second cas, l'acceptation de l'identité est corrélative de l'explication causale, par laquelle l'enfant tente de donner une explication de la transformation pouvant être de deux sortes :
soit l'objet est conçu comme étant modifié lui-même : l'enfant envisage alors une auto-transformation.
soit l'objet est conçu comme étant transformé par un phénomène physique qui lui est extérieur : l'enfant envisage alors une causalité externe.
Le problème de la conservation de l'identité au travers des modifications de l'objet ainsi posé, il apparaît nécessaire de l'envisager en lien avec la genèse de la causalité.
EEG 24, p.50