I . GENÈSE DE LA CONSERVATION

a : La construction des notions de conservation

Génétiquement, la première forme de conservation conquise par l'enfant est celle de l'objet (vers 2 ans) qui constitue le schème de l'objet permanent et l'invariant du « groupe pratique de déplacement ».133 L'enfant est alors capable de reconnaître un objet à travers de multiples déformations dues aux angles perceptifs sous lesquels il se présente, et surtout de retrouver un objet disparu de son champ visuel, c'est-à-dire de lui attribuer une existence indépendante et objective. Mais cette conservation de l'objet n'est que la permanence d'un objet perceptif total. Elle ne s'applique pas encore aux parties de cet objet et aux transformations qui peuvent le modifier (sectionnement, déformation, etc.).

‘« Le caractère propre de la construction des notions de conservations semble partir d'un élan où le sujet admet trop de transformations, puisqu'il nie les conservations et croit à l'existence de processus où tout se modifie à la fois, donc où interviennent trop de variables, et cela pour aboutir à la compréhension du fait que les transformations en jeu conservent un invariant. De plus, la propriété fondamentale de ce dernier n'est pas d'être « laissé » inchangé comme on s'exprime souvent, mais bien de résulter de la composition des modifications elles-mêmes qui se doivent de le construire alors qu'il n'apparaissait pas au sein des observables initiaux ».134

Notes
133.

Piaget, 1937

134.

J. Piaget, Les formes élémentaires de la dialectique, 1980, p. 119