IV . LES TROIS ARGUMENTS

‘« On se rappelle, par exemple, la controverse célèbre entre Piaget et Bruner qui sévit dans les années 1966 - 70. Alors que Piaget explique le développement de la conservation par la réversibilité des opérations du sujet et la compensation des différences, résultat d'une structuration logique, Bruner fonde ce développement sur une appréciation très primitive de l'identité étroitement liée au contexte socio-culturel ».143

Au cours des diverses épreuves, on demande à l'enfant de juger de la conservation de la quantité et d'argumenter l'avis qu'il donne. Par exemple, dans l'épreuve de conservation de la substance, on va lui demander d'aplatir la pâte encore et encore. C'est alors qu'on lui pose la question qui va permettre d'évaluer sa logique, c'est-à-dire sa capacité à raisonner, à fournir des preuves, à faire une démonstration. « Alors, maintenant, à ton avis, il y a plus de pâte dans la boule, plus de pâte dans la crêpe ou pareil beaucoup de pâte dans les deux ? »

Trois sortes de réponses sont dites logiques. Chacune consiste à affirmer l'égalité de la quantité en dépit d'apparences bien différentes. Toutefois, elles ne sont pas étayées par les mêmes arguments qui sont des démonstrations, des preuves toujours répétables, quelles que soient les quantités que l'on transforme. Ces arguments sont fondés sur l'identité, l'inversion ou la compensation.

Notes
143.

Préface de J. Bideaud in Le développement de la quantification chez l'enfant, B. Vilette, Paris, 1996