c . L'argument de compensation

Enfin, pour conserver l'égalité quantitative, il faut pouvoir saisir dans les apparences différentes deux dimensions qui se compensent, qui s'annulent : par exemple, ce que la boule gagne en haut, la crêpe le gagne en bas. C'est une réversibilité par réciprocité. La réciprocité ne doit pas être confondue avec l'inverse. Elle n'annule pas le résultat de l'action directe. Elle connaît ce résultat comme étant celui de deux actions qui se compensent : l'une enlève, l'autre ajoute.

Ces arguments de compensation sont donnés par des enfants de 8 ans. L'aplatissement est coordonné à l'allongement et les deux dimensions obtenues sont immédiatement comprises comme se compensant l'une l'autre.

‘« Si le tout se conserve, c'est que l'accroissement d'une de ses parties est compensée par la diminution de l'autre et réciproquement. Or, il y a là une synthèse (même très nouvelle pour le sujet) qui s'accompagne toujours de la levée de contradictions antérieures ce qui confirme qu'il y a bien dialectique avec ses caractères habituels de dépassements par rapport aux réactions initiales de non conservations ».144

Aucun de ces trois arguments ne se tire de la lecture immédiate des données. Bien au contraire, la perception incite à en voir plus ou bien dans la boule, ou bien dans la crêpe, selon l'enfant. La logique concrète se manifeste donc à travers les épreuves de conservation puisque la conservation est déduite au-delà des apparences.

Notes
144.

J. Piaget, Les formes élémentaires de la dialectique, 1980, p. 120