b . Le niveau 2 : Centration sur le sujet

Nous retrouvons dans ce niveau ce que nous avons qualifié dans l'exposé théorique précédent d'explication psychologique, c'est-à-dire, l'emploi de motifs individuels ou collectifs témoignant de l'égocentrisme du sujet. L'enfant peut commencer à établir un semblant de lien. L'utilisation du « parce que » est centrée sur le sujet et liée à un motif personnel. Le motif s'impose comme explication et suffit à lui seul à valider la réponse. Les formulations, dans lesquelles on le rencontre, impliquent directement le sujet. Toutefois, le motif personnel évoqué n'est pas forcément en lien avec le phénomène qu'il est sensé expliquer.

Le lien proposé peut être un lien explicatif lié à une attitude sensori-motrice témoignant de la difficulté que le sujet éprouve à formuler une explication avec des mots. La présence du support concret est ici capitale. Le sujet désigne l’objet.

L’univers centré sur le moi qui caractérisait la causalité sensori-motrice, réapparaît sur le plan de la pensée. Ceci se traduit à travers une perception immédiate des états.

Alexandra (conservation des longueurs)

A : « ‘Il va plus marcher, parce que là’ ... » (elle montre un infime décalage)

Laetitia (sériation des bâtonnets)

L : « ‘Ca ne va pas parce que là, ça ferait comme ça, et tac’ ! »

Marianne (conservation des longueurs)

M : « ‘On voit bien parce que si on fait comme ça avec notre doigt, on voit bien qu'ils sont de la même taille’ ».

Alexandra (dichotomies)

A : « ‘Parce que s'ils étaient pareils et ben, ils étaient tous carrés, mais s'ils étaient pas pareils, ils étaient tous ronds’. »

Mickaël (conservation des liquides)

M : « ‘Parce que si on boit on « transpirait’ ». »

Elodie (correspondance terme à terme)

E : « ‘Je vais lui dire parce qu'on peut faire un paquet avec beaucoup, mais avec des petits, ça fait un tout petit paquet’.» »

J ihane (tous et quelques)

Est-ce que tous les carrés sont rouges ?

J : « ‘Oui, ils sont tous rouges parce qu'on met de la couleur’. »

Alexandra (conservation de la substance)

A : « ‘C'est la boule qui est plus grosse parce que si tu manges plus et moi, je mange moins eh ben, c'est le boudin qui est petit. Et puis, la boule, elle est grosse’. »

Marianne (correspondance terme à terme)

M : « ‘Y a toujours autant de rouges que de verts parce que quand on les écarte, on voit pas si on en enlève’. »

Loïc (sériation des bâtonnets)

L : « ‘Ca allait pas très bien parce que faut mettre lui’. »

A partir du niveau suivant, la centration dominante va porter sur l'objet qui peut être perçu ou évoqué, ce qui représente un niveau plus élaboré. La perception peut porter sur l'objet total ou le considérer de façon plus analytique et porter alors sur des critères. L'évocation, quant à elle, peut porter soit sur des états, soit sur des transformations.