2 . Renversabilité par réciprocité (Compensation)

Mickaël effectue des « compensations en actes » et parvient à les associer à une verbalisation. Son discours est organisé en lien avec une meilleure maîtrise de la situation. On note des éléments de causalité mais aussi une prise en compte du temps à travers des termes tels que « après » et l’emploi du futur. Cette organisation des évènements permet de structurer le temps.

ex : (correspondance terme à terme)

En réponse à la suggestion « c'est plus long » il répond :

« ‘Non, ici, y a des petits trous, donc on en prend quelques-uns et on les met au milieu’. »

« ‘Il faut les coller, et après, c'est de la même taille’. »

ex : (conservation des longueurs)

« ‘Il est pas long parce que si on le met jusqu'à là, là ce sera la même taille’. »

Pierre-Alain semble introduire une certaine continuité lorsqu’il cite une dimension (encore plus). Il témoigne ainsi d’une capacité à quantifier certaines propriétés. L’espace se structure en devenant continu.

ex : (conservation des liquides)

« ‘C’est encore plus long (bouteille), mais là, c’est un peu large (caisse), c’est pour ça que c’est arrivé là’. »

Loïc parvient à mettre en relation deux dimensions en considérant simultanément deux états, ce qui lui permet d’effectuer une comparaison pertinente.

ex : (conservation de la substance)

« ‘Pareil beaucoup parce-que là, j’ai aplati. Comme dans le « crut » de l’expérience de l’eau, on avait mis un « crut » plus fin, eh ben, c’est pareil, parce que là, c’est tout aplati, alors, ça fait plus grand. Là, c’est grand, mais c’est plus plat’ (il met la galette debout).

« ‘Pareil parce que là, c’est plus fin que ça (boudin / boule). Comme on avait fait dans l’expérience de l’eau, eh ben, c’était plus fin le ... oui, l’éprouvette. C’était plus fin et l’autre, c’était plus gros alors, il y en avait moins que là, mais on en « boivait » pareil beaucoup. C’était pas la même grandeur parce que c’est plus fin’. »

Elodie compare les contenants et tend vers une compensation, mais elle oublie d'intégrer le contenu à son explication. Elle exprime même un retour à l’état initial.

ex : (conservation des liquides)

« ‘Ca, c'est grand et ça, c'est gros. Mais quand tu le reverses là, c'est égal. Mais là, c'est normal parce que ça fait un long tube et là, ça fait petit parce que c'est gros’ ».

Jihane utilise une forme de compensation de deux déplacements contraires dans l'épreuve de conservation des longueurs. En fait lorsqu'un seul bâton est déplacé, elle perçoit les extrémités qui dépassent et, à travers l'expression de deux déplacements contraires, elle semble vouloir annuler l'effet du déplacement sur le changement possible de taille.

ex : (conservation des longueurs)

« ‘C'est pareil parce que tu as reculé celui-là et t'as avancé celui-là’. »

Marianne ne cite pas l'argument de compensation dans sa forme la plus « parfaite » mais elle utilise une sorte de « compensation en actes ».

ex : (correspondance terme à terme)

« ‘Tu les as écartés... Y en a toujours autant parce que normalement, celui-là, il peut aller là et l'autre, il peut aller ici ’». (Elle montre que l'on peut compenser les trous par des jetons placés aux extrémités et ainsi reformer une correspondance).

« ‘Je sais qu'il y en a autant parce que par exemple, eux deux, ils vont ici, et après, eux deux, ils vont là, et après, eux deux, là, ils vont là et celui-là, il va là, avec celui-là.’ »

Il y en a pareil ‘« parce que si par exemple, on agrandissait la fleur, on en mettrait toujours là, derrière, là, comme ça aussi, après, l'autre, je le mets là, après, l'autre, je le mets là, après, l'autre, je le mets là... Ca fait que c'est bon.’ » (Elle rétablit une correspondance en rond).

Elle progresse dans l'expression de la compensation, mais elle est malhabile et ne cite qu'une dimension (la taille) qu'elle relie au fait qu'il y ait « moins d'eau » et non « moins de hauteur d'eau ».

ex : (conservation des liquides)

« ‘La caisse est plus grande que la bouteille, alors, c'est normal qu'il y en a toujours plus et elle est plus étendue que la bouteille’ ».

Elle parvient aussi à dissocier la variation de l’aspect perceptif de la pâte de la variation de quantité. Elle dépasse même le simple constat qu’elle a sous les yeux pour envisager que l’allongement du boudin n’est pas la condition impliquant une diminution de quantité par rapport à la boule. En effet, elle ne dit pas « il y a »  mais « il y aura ». Elle situe les transformations dans le temps.

ex : (conservation de la substance)

« ‘C’est pareil, c’est pas parce qu’elle est plus allongée que la boule qu’il y en aura moins (boule / boudin).’ »