2 . LE POINT AVEC LES SUJETS QUATRE ANS APRÈS...

Après avoir analysé les conduites de nos vingt sujets, nous avons souhaité faire le point pour savoir ce qu’ils étaient devenus quatre ans plus tard, c’est-à-dire à l’âge dit « normal » de l’entrée au collège. Avant d’approfondir les descriptifs fournis par les enseignantes, nous souhaitons rappeler que nous avions choisi nos 20 sujets parmi les élèves qualifiés de « sans problèmes particuliers connus des enseignants ». Nous avons donc effectué nos entretiens avec des élèves souhaitant spontanément participer mais ne devant pas relever d’une prise en charge (quelle qu’elle soit) à l’intérieur ou à l’extérieur de l’école.

Quatre ans plus tard, les sujets avec lesquels nous avons travaillé sont répartis dans les deux classes de CM2, pour ceux qui n’ont pas redoublés, ou en CM1. Certains ont déménagé, mais les enseignantes peuvent nous raconter leurs parcours si elles ont des nouvelles ou bien elles se contentent de nous dire ce qu’il s’est passé jusqu’à leur déménagement. Les descriptions qui suivent sont écrites directement d’après les dires des enseignantes.

Alexandra :

Elle a redoublé. Elle a d’énormes problèmes de compréhension de consignes surtout dans le domaine mathématique. Sa dernière enseignante dit d’elle qu’elle est « d’intelligence faible ».

Alexandrina :

Elle a redoublé. Elle a des difficultés énormes en orthographe et ne comprend pas grand chose quand elle lit. Elle ne fait preuve d’aucune imagination. Elle n’est pas très travailleuse : elle n’apprend pas ses leçons.

Amel :

Elle a redoublé. Elle a déménagé.

Elodie :

C’est une bonne élève qui s’en sort par son travail mais elle utilise toutes ses ressources. Elle comprend bien ce qu’elle lit. C’est en mathématique qu’elle a le plus de problèmes notamment pour choisir des données dans un énoncé et pour cerner la question posée. L’abstraction lui pose quelques problèmes (géométrie). Elle est surtout pratique. Elle est très adaptée et plutôt à l’aise après avoir pendant longtemps été timide. Elle est assez mature.

Florent :

Il est décrit comme un très bon élève qui participe beaucoup, qui est très volontaire et d’une grande maturité.

Jennifer :

C’est une élève qui ne fréquente plus l’école mais qui avait redoublé avant de déménager.

Jihane :

Elle est qualifiée d’excellente élève qui participe bien.

Julie :

C’est une élève bien moyenne qui est un peu feignante. Il faut la pousser car rien ne semble l’intéresser. Le redoublement a été évoqué à son sujet mais pas suivi d’effet.

Karim :

C’est un élève faible qui a redoublé le CE1. Par la suite une orientation en S.E.G.P.A. (Section d’Enseignement Général Professionnel Adapté) a été proposée mais refusée par la famille. Il est décrit comme étant limité intellectuellement et faible en tout, malgré une bonne volonté et un travail toujours fait. Il ne comprend rien du premier coup et malgré quelques explications, il continue de faire des erreurs. Il est incapable de raisonner. Il ne peut jamais travailler de façon autonome, il ne réussit que par imitation.

Karima :

Elle a redoublé en CE1 ou CE2. Elle a de gros problèmes de compréhension en général, même lorsqu’il s’agit de lire des consignes simples. Le vocabulaire courant lui échappe. Elle a tendance à vouloir donner rapidement une réponse sans envisager divers possibles. Elle ne réalise pas toujours qu’elle ne réussit pas. Toutefois, elle fait beaucoup d’efforts, essaye de bien faire et participe à l’oral.

Laetitia :

C’est une bonne élève. Elle passe en 6ième malgré de gros problèmes familiaux. (décès de sa mère)

Laurie :

C’est une bonne élève qui passe en 6ième.

Loïc :

Il a redoublé le CE1 à cause de son élocution et de son graphisme. Quant il recopie, il n’écrit pas la fin des mots et ne met aucune majuscule. Il se complaît soit en étant très désagréable, soit en ne faisant rien. Il est très sale et très influençable, il « traîne » toujours avec ceux qui font des bêtises. Par contre, dans les rares moments où il accepte de travailler, il est plein de bon sens et très logique.

Mandy :

C’est une élève moyenne qui passe en 6ième .

Marianne :

Excellente élève, elle passe en 6ième. Elle s’est ouverte et s’épanouie en CM2. Sa timidité a certainement empêché un passage anticipé. Elle donne des réponses toujours très structurées avec beaucoup de détails et souvent trop complexes pour les autres élèves de la classe.

Mickaël :

C’est un enfant paresseux mais qui donne l’impression d’avoir des possibilités. Il a redoublé le CM1 mais les enseignants attribuent ce redoublement pour la majeure partie à des problèmes familiaux qu’il a du mal à surmonter : son mal-être transparaît jusque dans son aspect physique (Il est la « victime » du divorce de ses parents dans lequel le juge est souvent amené à recadrer la loi).

Nordine :

C’est un bon élève comprenant rapidement les consignes et très logique. Ses résultats sont meilleurs en mathématiques qu’en français. Les conjugaisons sont un peu difficiles notamment l’imparfait et le conditionnel. Il est travailleur. Son travail est soigné et son comportement agréable. Il est suivi à la maison par ses parents et ses grands frères et soeurs.

Pierre-Alain :

Elève plutôt faible qui n’a pas redoublé mais a bénéficié efficacement d’un soutien pédagogique. Il est très imbu de lui-même et peut même être agressif. Il peut faire illusion car il a une très belle écriture et vit dans un milieu plutôt cultivé.

Sumerya :

Elève d’origine turque, elle a bien compensé son problème lié à l’utilisation de la langue française même s’il persiste parfois quelques difficultés pour trouver le mot juste. Elle comprend tout ce qu’elle lit et fait preuve de beaucoup d’idées en expression écrite. Son point faible est qu’elle manque de confiance.

Xavier :

Il travaille très irrégulièrement mais réussit à passer en 6ième. Il est très nonchalant, partisan du moindre effort. Il utilise des phrases limitées au modèle sujet-verbe-complément. En permanence, il demande s’il est obligé de faire le travail indiqué avant de s’y mettre. Il a des ressources qu’il n’exploite pas mais pourrait se situer dans les premiers de la classe. Son principal souci est sa recherche d’identité sexuelle qui l’exclut du groupe-classe.