AMEL : 12 / 03 / 1989

Correspondance terme à terme

  • E : Devant toi, tu as des...

  • A : Des jetons.

  • E : On va dire que les jaunes sont à moi, et que les bleus sont à toi. Est-ce qu'à ton avis on a pareil beaucoup de jetons, est-ce que l'on en a autant ou bien est-ce que toi, tu en as plus ou est-ce que moi, j'en ai plus ? Qu'est-ce que tu en penses ? Qu'est-ce que tu es entrain de faire ?

  • A : J’en ai plus, parce que je les ai comptés

  • E : Tu les as déjà comptés, alors ?

  • A : Là y en a six et là y en a huit.

  • E : Alors, où est-ce qu'il y en a plus ?

  • A : Ici.

  • E : Ici pourquoi ?

  • A : ...

  • E : Pourquoi est-ce qu'il y en a plus là ?

  • A : ...

  • E : Il y a plus de bleus, parce que...

  • A : ...

  • E : Et bien si, tu viens presque de me le dire.

  • A : Parce que j'ai compté.

  • E : Oui, et alors ? Les bleus, il y en a...

  • A : Beaucoup.

  • E : Combien ?

  • A : Y en a huit.

  • E : Et là, il y en a ?

  • A : Six.

  • E : Et huit c'est plus que six ?

  • A : ...

  • E : Oui ou non ?

  • A : ...

  • E : Oui ! Et bien il faut me le dire. Un autre enfant m'a dit que « ‘sans les compter, je peux te dire qu'il y en a plus’ ». Sais-tu comment il fait ? Qu'est-ce que tu en penses, toi ?

  • A : ...

  • E : Comment peut-on faire ? Comment peut-on faire pour savoir qu'il y en a plus, sans les compter ?

  • A : ...

  • E : On regarde.

  • A : Il faut regarder.

  • E : Et toi, tu y arrives toi, rien qu'en regardant ?

  • A : ...

  • E : C'est difficile. L'enfant a fait quelque chose comme cela. Veux-tu continuer ?

  • A : ...

  • E : Ah ! Mais tu as compris ce qu'il a fait.

  • A : Je sais pourquoi il y en a plus parce que ça, ça dépasse ça

  • E : Ah ! Et bien oui ! As-tu très bien mis tes jetons bleus ?

  • A : ...

  • E : Alors Amel, est-ce qu'il y a plus de jaunes ou plus de bleus ?

  • A : Plus de ... bleus.

  • E : Et comment le sait-on ?

  • A : Parce que ça dépasse

  • E : Parce que les bleus dépassent les jaunes. Comment pourrait-on faire pour qu'il y en ait pareil beaucoup de bleus que de jaunes ?

  • A : Y faudrait en rajouter un .

  • E : Il faudrait rajouter quoi ?

  • A : Un jaune.

  • E : Un jaune ? Je n'en ai plu. Alors comment pourrait-on faire pour que l'on en ait pareil beaucoup si je ne rajoute pas de jaunes ?

  • A : Et ben, on enlève un bleu.

  • E : Est-ce que maintenant, on en a pareil beaucoup ?

  • A : Oui.

  • E : En es-tu sûre ? Oui ou non ? Qu'est-ce que tu es entrain de faire, Amel ?

  • A : ...

  • E : Dis-moi, il faut tout me dire ce qu'il se passe dans ta tête, qu'est-ce que tu es entrain de faire ?

  • A : Je les compte.

  • E : Et bien ! Compte-les à haute voix.

  • A : Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept.

  • E : Hum !

  • A : Il y en a sept. Un, deux, trois, quatre, cinq, six.

  • E : Alors Amel, est-ce qu'il y en a pareil beaucoup, Amel ?

  • A : Non, faut en enlever un.

  • E : Un quoi ?

  • A : Un bleu.

  • E : Oui. Alors enlèves un bleu. Est-ce que maintenant, on en a pareil ? Qu'est-ce que tu es entrain de faire, là ? Oui oui, fais-le mais dis-moi pourquoi ?

  • A : Parce que après on va voir ça, un trou.

  • E : Oui un trou, tu es entrain de remettre les jetons bleus, comment ?

  • A : ...

  • E : Cela veut dire quoi, comme cela ? Qu'est-ce que tu fais avec tes jetons bleus ? Explique-moi !

  • A : Je suis entrain de les mettre à côté.

  • E : À côté de quoi ?

  • A : Des jetons jaunes.

  • E : Alors, c'est tous les bleus à côté des jaunes, mais tout à l'heure aussi il y avait tous les bleus à côté des jaunes ? Ce n'est pas tout à fait ce que tu es en train de faire, c'est quoi ? C'est les bleus à côté des jaunes, mais ils sont comment cette fois, les bleus et les jaunes ? Là aussi, je mets les bleus à côté des jaunes. Ce n'est pas ce que tu as fait, toi, tu as fait ça.

  • A : Je les ai comptés en même temps et je les ai mis à côté.

  • E : Comment ils sont chaque fois ?

  • A : Deux... par deux.

  • E : Tu les as mis à côté et deux par deux. Qu'est-ce qu'il y a de pareil et de pas pareil entre les jetons bleus et les jetons jaunes ?

  • A : On dirait que les jaunes, ils sont en train de dépasser les bleus.

  • E : Un petit peu ( E remet en correspondance exacte) Qu'est-ce qu'il y a encore de pareil et de pas pareil, là et là ? Il y a une copine qui me disait : ‘« Ce qui n'est pas pareil, c'est la couleur .’» Qu'est-ce que tu en penses ?

  • A : (Acquiesce).

  • E : Qu'est-ce qu'il y a d'autre de pareil et pas pareil ? Tu ne sais pas ? Voilà, ( E écarte les jetons jaunes) maintenant, est-ce que toutes les deux, on a pareil beaucoup de jetons, on en a autant ou bien est-ce que tu en as plus ou est-ce que tu en as moins ?

  • A : J’en ai moins.

  • E : Pourquoi en as-tu moins ?

  • A : Parce qu'ils sont écartés.

  • E : Lesquels sont écartés ?

  • A : Ceux-là. (Elle montre les bleus)

  • E : Et alors, là, il y en a plus ou moins ?

  • A : Moins.

  • E : Il y a une copine qui disait comme toi : « ‘Il y a moins de bleus parce que les jaunes dépassent.’ » Et il y a une autre copine qui disait : « ‘Regarde, dans les jaunes, il y a pleins de trous, il n'y a pas de jetons dans les trous, alors, il y en a moins dans les jaunes’. » Qu'est-ce que tu en penses de ça ?

  • A : Elle a raison.

  • E : Alors, il y en a plus ou il y en a moins ? Il y a la copine qui dit que « ‘les jaunes dépassent et celle qui dit que dans les trous, il n'y a pas de jetons, donc qu'il y en a moins’. »

  • A : Là, y en a moins et là, ça dépasse les bleus.

  • E : Alors, qu'est-ce que tu dirais ? Il y en a pareil beaucoup, il y en a autant, il y a plus de jaunes ou il y a plus de bleus ?

  • A : Y en a... C'est ici qu'il y en a plus (montre les jaunes).

  • E : Pourquoi est-ce qu'il y a plus de jaunes ?

  • A : Parce que y en a plus.

  • E : Pourquoi il y a plus de jaunes ?

  • A : Parce que tu les as écartés.

  • E : Il y a une copine qui me disait : ‘« Quand on écarte, ça fait plus long, mais ça fait pas plus’ .» Qu'est-ce que tu dirais toi ?

  • A : Je crois que c'est ceux-là qui sont moins beaucoup (montre les jaunes).

  • E : Tu crois que tu t'es trompée. Alors explique-moi. Tu as le droit de corriger ton avis.

  • A : Ça, ça compte pas parce que y a des trous.

  • E : Il y a des trous mais c'est plus long. Et là, il n'y a pas beaucoup de trous et c'est pas très long. Il y a une copine qui disait qu'en fait c'est pareil.

  • A : Oui, mais là, il faudrait écarter comme ça.

  • E : Si on écartait, qu'est-ce qui se passerait ?

  • A : Ça serait à la même taille.

  • E : Est-ce qu'on en aurait pareil beaucoup ?

  • A : Oui.

  • E : Et si on n'écarte pas, est-ce qu'on en a autant ?

  • A : Non.

  • E : Ce n'est pas à la même taille, on est bien d'accord, mais est-ce qu'on en a autant ?

  • A : Je sais pas.

  • E : Si ça, ce sont des "Smarties" et si moi, je mange mes "Smarties" jaunes et toi, tu manges tes "Smarties" bleues, est-ce qu'on en a autant toutes les deux, est-ce qu'on en a pareil beaucoup ?

  • A : On a pareil.

  • E : Comment sais-tu ?

  • A : Parce que là, y en a six et là aussi.

  • E : Et pourtant, les jaunes, ils sont plus longs ?

  • A : Oui, mais parce que aussi, les trous y comptent pas, alors c'est plus les jaunes. Parce qu'il faut compter ça.

  • E : Et là ? ( E resserre les jaunes) Est-ce qu'on a toutes les deux, pareil beaucoup de "Smarties" ?

  • A : Non.

  • E : Pourquoi ?

  • A : Parce que ça, c'est plus long. ( A montre les bleus)

  • E : Alors ? Est-ce qu'on en mange pareil beaucoup, est-ce que j'en mange plus ou est-ce que tu en manges plus ?

  • A : T'en manges plus.

  • E : Comment sais-tu que j'en mange plus ?

  • A : Parce que t'as les bleus qui dépassent un peu.

  • E : Alors ? Il y a une copine qui me disait : ‘« Les bleus, ils sont plus longs donc on mange plus de bleus.’ » Qu'est-ce que tu en penses, toi ?

  • A : Je pense qu'elle dit bon.

  • E : Tu penses qu'elle dit quelque chose de juste, qu'on mange plus de bleus que de jaunes. Il y a une autre copine qui disait : « ‘Ben non, il n'y a pas plus de bleus que de jaunes, parce que tout à l'heure, on en avait pareil beaucoup et on n'en a pas enlevé, on n'en a pas ajouté, alors, on en a toujours pareil.’ » Qu'est-ce que tu en penses, toi ?

  • A : Moi, je pense qu'il faudrait les serrer aussi comme ça.

  • E : Alors, si on serrait les bleus, qu'est-ce qu'il se passerait ?

  • A : Ça serait de la même taille.

  • E : Je ne te demande pas si ce serait de la même taille, je te demande si on en mange autant toutes les deux ?

  • A : Non.

  • E : Pourquoi ?

  • A : Parce que toi, t'en manges plus et moi, j'en mange moins.

  • E : Comment le sais-tu ?

  • A : Parce que les jaunes, ils sont serrés et que les bleus, ils sont pas serrés.

  • E : Alors, la copine qui dit : « ‘On n'en a pas ajouté, on n'en a pas enlevé, c'est toujours pareil.’ » Que lui dirais-tu ? A-t-elle raison ou n’a-t-elle pas raison ?

  • A : Elle a raison.

  • E : Elle dit : « ‘Il y a toujours pareil’. » Et toi, tu dis qu'il y a plus de jaunes. Elle a raison ou pas?

  • A : Y en a pareil. Mais sauf que ceux-là, ils sont écartés.

  • E : Si toi, tu manges les "Smarties" bleus et si moi, je mange les "Smarties" jaunes, est-ce que dans notre ventre on en aura pareil beaucoup ou est-ce que tu en aura plus ou est-ce que j'en aurais plus?

  • A : T'en auras plus.

  • E : Pourquoi?

  • A : Parce que y en a moins.

  • E : Y a moins de quoi?

  • A : De jaunes.

  • E : J’ai moins de jaunes, alors, j'en aurais plus dans mon ventre, c'est ça ?

  • A : (acquiesce).