JULIE : 23 / 06 / 1989

Correspondance terme à terme

  • E : Qu'est-ce que tu as devant toi ?

  • J : Ben, des ronds.

  • E : Des ronds comment ?

  • J : Euh ! Jaunes... bleus.

  • E : Des ronds jaunes et des ronds bleus. J’aimerais savoir si on a autant de ronds jaunes que de ronds bleus, pareil beaucoup de jaunes que de bleus ou s'il y a plus de bleus ou s'il y a plus de jaunes ? Qu'est-ce que tu fais ?

  • J : Y a plus de bleus.

  • E : Comment as-tu fait ?

  • J : J’ai compté. ( J. ose à peine l'avouer)

  • E : Alors, il y a plus de bleus que de jaunes ? On va dire que les bleus ce sont les tiens et que les jaunes, ce sont les miens, d'accord ?

  • J : Oui.

  • E : Pourquoi est-ce qu'il y a plus de bleus que de jaunes ?

  • J : Parce que les bleus, ils sont plusieurs.

  • E : Oui, et les jaunes ?

  • J : Ben, y en a moins.

  • E : Il y a un copain qui m'a dit : « On n'a pas besoin de les compter pour savoir qu'il y a plus de bleus. » Il m'a dit : « Il suffit de les mettre comme ça. » Tu continues ? Alors, qu'est-ce que tu dirais maintenant ?

  • J : Y en a plus de bleus.

  • E : Pourquoi ?

  • J : Parce que...

  • E : Comment le sait-on ?

  • J : Parce qu'on les avait mis comme ça.

  • E : Et alors, justement, qu'est-ce qu'il se passe quand on les met comme ça ?

  • J : Ben, on sait.

  • E : Comment on sait qu'il y en a plus ?

  • J : Parce que, ça s'arrête là et y en a pas plus des jaunes.

  • E : Et les bleus ?

  • J : Ils continuent.

  • E : Comment tu pourrais faire pour qu'il y ait autant de bleus que de jaunes, pour qu'il y en ait pareil beaucoup ?

  • J : Et ben, on en rajoute.

  • E : On rajoute quoi ?

  • J : Ben, des jaunes.

  • E : Je n'ai pas de jaunes. Alors, qu'est-ce qu'on peut faire d'autre pour qu'il y en ait pareil beaucoup, pour qu'il y en ait autant ?

  • J : J’en sais rien.

  • E : Je n'ai plus de jaunes et pourtant, je voudrais qu'on en ait pareil beaucoup, que toi, tu en aies comme moi.

  • J : Alors, on enlève ces deux-là.

  • E : Est-ce que maintenant, on en a pareil beaucoup ?

  • J : Oui.

  • E : Si toi tu manges les smarties bleus et si moi, je mange les smarties jaunes, est-ce qu'on en mange pareil beaucoup ou bien tu en manges plus ou bien j'en mange plus ?

  • J : Egalité.

  • E : Et si je mange les bleus et toi les jaunes ?

  • J : Ça ne restera plus.

  • E : Et on en aura mangé égalité ou pas égalité ?

  • J : Oui.

  • E : Qu'est-ce qu'il y a de pareil entre tes "Smarties" et mes "Smarties" et qu'est-ce qu'il y a de pas pareil ?

  • J : Ben, ce qu'il y a de pareil, c'est qu'ils sont ronds et ils sont à la même hauteur. Ce qu'il y a de pas pareil, c'est que c'est pas de la même couleur.

  • E : Tu as d'autres idées sur ce qui est pareil ou pas pareil ?

  • J : Non.

  • E : (J. écarte les jetons jaunes) Maintenant, si toi tu manges tes "Smarties" bleus et moi, les jaunes, est-ce qu'on en mange "égalité", est-ce que tu en manges plus ou est-ce que j'en mange plus ?

  • J : T'en manges plus.

  • E : Pourquoi est-ce que j'en mange plus ?

  • J : Parce que tu les as écartés.

  • E : J’en aurais plus dans mon ventre que toi ?

  • J : Oui.

  • E : Il y a une copine qui me disait : « Non, tu n'en mangeras pas plus parce que là, il y a des trous et dans les trous, il n'y a pas de "Smarties", donc, tu en manges moins. » Qu'est-ce que tu en penses ? J’en mange plus que toi, moins que toi ou égalité ?

  • J : Egalité.

  • E : Comment sais-tu ?

  • J : Parce que quand tu comptes, c'est pareil.

  • E : Et si on ne compte pas ?

  • J : Et ben, tu les rapproches.

  • E : Et alors ?

  • J : Et ben tu vois à quelle hauteur ils sont.

  • E : Et si on les rapprochait, ils seraient à la même hauteur ou pas ?

  • J : Pas à la même hauteur.

  • E : Il y a une copine qui disait : « Il y a beaucoup plus de jaunes que de bleus parce que les jaunes sont plus longs que les bleus, donc, il y en a plus. »

  • J : Oui, là-dedans, on pourrait dire que c'est des jaunes.

  • E : Non, il n'y a pas de jaunes, là. Alors, il y en a plus ou pas ?

  • J : Y en a pas plus.

  • E : Qu'est-ce que tu dirais ? C'est "égalité" les bleus et les jaunes, il y a plus de bleus ou il y a plus de jaunes ?

  • J : Egalité.

  • E : Et qu'est-ce que tu dirais à celle qui dit qu'ils sont plus longs, les jaunes, qu'il y a plus de jaunes ?

  • J : Que ils sont en longueur, écartés.

  • E : Comment tu expliquerais que c'est toujours égalité ?

  • J : Ben, parce que tu le verrais quand même parce que là, il y en a trois et là, il y en a trois, alors, tu comptes pareil.

  • E : Il y a une copine qui me disait : « C'est "égalité" parce que tout à l'heure, on les avait mis à la même hauteur comme tu dis, et c'était "égalité". On les a déplacés, mais on n'en a pas ajouté, on n'en a pas enlevé, alors, c'est toujours "égalité". » Qu'est-ce que tu en penses de ça ?

  • J : Oui, c'est toujours égalité.

  • E : Elle a raison quand elle dit ça ou elle n'a pas raison ?

  • J : Si elle dit : « C'est égalité. » Elle a raison.

  • E : Oui, mais tu sais pour moi ce n'est pas de savoir si c'est "égalité" ou pas qui est vraiment important. Ce qui est important, c'est de savoir comment elle l'explique. Elle dit : « C'est "égalité" parce qu'on n'en a pas ajouté, on n'en a pas enlevé. » C'est bien ou pas comme idée ?

  • J : Ben, j'ai pas compris la question.

  • E : Elle dit : « Tout à l'heure, quand on les avait mis bien à la même hauteur, c'était pareil, il y avait "égalité" et là, on les a bougés, mais on n'en a pas enlevé, on n'en a pas rajouté, donc, c'est toujours "égalité". » Qu'est-ce que tu en penses ?

  • J : C'est bien.

  • E : Et maintenant ? (Jetons jaunes serrés) Si toi, tu manges les bleus et si moi, je mange les jaunes, est-ce qu'on en mange pareil beaucoup, "égalité" ou est-ce que tu en manges plus ou est-ce que j'en mange plus ?

  • J : Ben, on en mange égalité.

  • E : Comment sais-tu ?

  • J : Parce qu'on en a le même nombre. On n'a pas les mêmes mais on en a égalité.

  • E : Qu'est-ce que ça veut dire ? On n'a pas les mêmes quoi ?

  • J : Les mêmes couleurs.

  • E : Mais on a "égalité" de quoi ?

  • J : Ben, de jetons.

  • E : Qu'est-ce que ça veut dire : « On a égalité. »

  • J : Ben qu'on a pareil des autres.

  • E : Pareil de quoi ? Pareil de couleur ?

  • J : Pareil de jetons mais pas la couleur.

  • E : Alors, qu'est-ce que c'est qui est pareil ?

  • J : Parce que si ils seraient blancs, et ben, ce serait pareil.

  • E : Il y a une copine qui me disait : « Il y a moins de jaunes parce qu'ils sont... »

  • J : (J interrompant) Ils sont serrés.

  • E : Oui, elle me disait que c'est plus court. Qu'est-ce que tu en penses ? Y en a-t-il moins ou il y en a "égalité" ?

  • J : Egalité.

  • E : Comment sais-tu ?

  • J : Ben, ça fait toujours pareil parce que t'en n'as pas enlevé et t'en as ni remis.

  • E : Qu'est-ce qu'il y a de pareil et de pas pareil entre les bleus et les jaunes ?

  • J : J’en sais rien.

  • E : Qu'est-ce qu'il y a de pareil et de pas pareil ?

  • J : La couleur.

  • E : C'est pareil ou pas ?

  • J : Pas pareil.

  • E : Qu'est-ce qu'il y a d'autre ?

  • J : J’en sais rien.