LAURIE : 16 / 17 / 1989

Correspondance Terme à Terme

  • E : Vois-tu, Laurie, devant toi, tu as des jetons, des rouges et des verts. J'aimerais savoir, s'il y a autant de jetons rouges que de jetons verts, s'il y en a pareil beaucoup ou bien s'il y a plus de rouges ou bien s'il y a plus de verts ?

  • L : Faut compter comme ça.

  • E : Tu fais comme tu veux. Mais tu m'expliques ce que tu fais.

  • L : ... Sept... Il y a plus de jetons rouges que de jetons verts.

  • E : Comment le sais-tu ?

  • L : Parce qu'y a sept jetons rouges et y a treize jetons verts.

  • E : Treize ?

  • L : Heu ! Treize jetons rouges et sept jetons verts.

  • E : Oui, donc il y a... plus de quoi ?

  • L : Plus de rouges que de verts.

  • E : Est-ce que l'on est obligé de les compter pour savoir s'il y en a plus ou s’il y en a moins ? Est-ce que tu aurais une autre façon de faire pour savoir s'il y en a pareil, s'il y en a plus ou moins, sans les compter ? Comment pourrait-on faire ?

  • L : ... Les compter dans sa tête ?

  • E : Oui, mais les compter dans sa tête ou me montrer qu'on les compte, c'est pareil. C'est la même idée. As-tu une autre idée ?

  • L : Compter, heu !

  • E : Sans compter parce que compter, c'est déjà une idée. Si on ne veut pas les compter, comment peut-on faire pour savoir s'il y en a pareil ou pas pareil ?

  • L : On les met comme ça.

  • E : Très bien.

  • L : Hé, hé ! Y en a pas pareil.

  • E : Pourquoi ?

  • L : Parce que là y en reste...

  • E : Quand tu dis qu'on les met comme ça... oui vas-y !

  • L : Là, il en reste six. Et il reste pas de verts.

  • E : Là, il y en a pareil beaucoup ou pas pareil beaucoup ?

  • L : Ici ?

  • E : Oui.

  • L : Sans ceux-là ?

  • E : Sans ceux-là. D'ailleurs ceux-là on va les enlever. Alors comment sais-tu qu'il y en a pareil beaucoup ?

  • L : Parce que il y a un jeton rouge, un jeton vert ici, un jeton rouge, un jeton vert ici, un jeton rouge, un jeton vert ici, un jeton rouge, un jeton vert ici, un jeton rouge, un jeton vert ici, là aussi, et là aussi.

  • E : Et cela suffit-il pour savoir que c'est pareil ? Ça veut dire que c'est pareil ?

  • L : Là, y en a sept et là, y en a sept.

  • Jetons verts écartés

  • E : Donc, on en a pareil. On va bien les remettre. Alors toi, tu ne fais rien avec tes mains, mais tu réfléchis avec ta tête. Maintenant Laurie, est-ce que l'on a pareil beaucoup de rouges que de verts, est-ce qu'il y a plus de rouges ou bien est-ce qu'il a plus de verts ? Tu dis comme tu penses. As-tu compris la question ou pas ?

  • L : ... Pas compris.

  • E : Alors, tu me le dis. Est-ce qu'il y a plus de rouges, est-ce qu'il y a plus de verts ou est-ce qu'il y a pareil beaucoup de jetons ?

  • L : ... Il y en a pareil.

  • E : Pourquoi est-ce qu'il y en a pareil ?

  • L : Ben, tu as écarté ceux-là. Y en avait sept, et là, y en a sept aussi.

  • E : Alors ?

  • L : Alors, ça en fait sept de tous les côtés.

  • E : C'est bien ce que tu me dis. Il y a une autre petite fille qui me dit : « Mais regarde là, les verts, il y en a plus, regarde comme c'est long. Les rouges, ils sont petits là. Il y a plus de verts. » Qu'est-ce que tu penses de son idée ?

  • L : Mouais !

  • E : Oui ou non ? Dis-moi ce que tu en penses. Il faut que tu m'expliques, surtout.

  • L : Y a plus de verts parce que c'est écarté, alors, on dirait qu'y a plus de verts. Et y a moins de rouges parce que c'est tout serré.

  • E : Alors, il y a plus de verts que de rouges ? Il n'y a pas pareil beaucoup ? Il y en a plus de verts que de rouges ?

  • L : Oui.

  • E : Si toi, tu manges les rouges et si moi, je mange les verts, j'en mange plus que toi ?

  • L : Hum !

  • E : Une petite fille me disait : « Regarde là, il y a des trous, ça veut dire que les verts il y en a moins que les rouges. » Qu'est-ce que tu en penses ? Qu'est-ce que tu as envie de dire de son idée ?

  • L : ... C'est pas parce que y des trous, qu'il y a moins de verts que de rouges.

  • E : Ce n'est pas parce qu'il y a des trous, alors comment sont les verts et les rouges ?

  • L : Hum ! Y a moins de rouges que de verts.

  • E : Il y a moins de rouges que de verts ? Pourquoi ?

  • L : Parce que les rouges, y sont tous serrés et les verts, y sont tous écartés, mais ça veut pas dire que les verts y en a moins, ça veut pas dire que les verts y en a moins que les rouges.

  • E : Alors, il y en a plus ou il y en a moins ?

  • L : Les verts, y en a... On dirait qu'y en a plus que les rouges.

  • E : On dirait qu'il y en a plus oui.

  • L : Mais y en a autant.

  • E : Ah ! Pourquoi me dis-tu ça ?

  • L : Parce que, avant quand ils étaient serrés, y en avait pareil de tous les côtés et tu les as écartés, alors ça en fait pas... ça en fait autant.

  • E : Toi, tu as le droit de dire autant. Moi, je ne le dis pas parce qu'il y a des enfants qui ne comprennent pas, alors je dis pareil beaucoup. Donc ça en fait autant ? Mais on dirait qu'il y en a plus, c'est ça ?

  • L : Hum ! Mais il n’y en a pas plus.

  • E : Il y a une petite fille qui pensait comme toi. Elle me disait qu'il y en a autant parce qu'on n'en a pas enlevé, on n'en a pas ajouté, donc il y en a autant. Qu'est-ce que tu penses de ça ?

  • L : Hum ! C'est vrai.

  • E : C'est bien ce qu'elle dit ou pas ?

  • L : C'est bien.

  • Jetons vertsserrés

  • E : Et là, Laurie, qu'est-ce que tu en penses ?

  • L : Il y en a autant, t'en as pas ajouté, t'en as pas enlevé.

  • E : Alors ça fait autant ? Mais une autre petite fille disait : «  Regarde c'est beaucoup plus serré, donc les verts, il y en a moins. » Alors que lui dirais-tu ?

  • L : Et non !

  • E : Pourquoi ?

  • L : Parce que y en a autant, t'as pas ajouté de rouges, ni de verts et t'en as pas enlevé de rouges, ni de verts, alors ça fait autant.

  • E : Alors, elle dit : « C'est plus serré, il y en a moins. »

  • L : C'est plus serré, ça veut pas dire qu'il y en a moins.

  • E : Peux-tu me dire ce qu'il y a de pareil et de pas pareil, là et là ? Est-ce que tu vois des choses qui sont pareilles et des choses qui ne sont pas pareilles dans ça et dans ça ?

  • L : Ceux-là, ils sont tout serrés, ceux-là, ils sont un peu écartés.

  • E : Alors, c'est pas pareil. Qu'est-ce que c'est encore qui est pareil ou pas pareil ?

  • L : Celui-là, il est rouge, celui-là, il est vert.

  • E : Alors, ce n'est pas pareil. Qu'est-ce qu'il y aurait de pareil, alors ?

  • L : Là, ça va ensemble.

  • E : Entre les verts et les rouges, qu'est-ce qu'il y a de pareil ?

  • L : Ici, y des trous...

  • E : Tu m'as dit des choses pas pareilles : c'est serré, c'est écarté ; c'est rouge, c'est vert. Tout ça ce sont des choses qui ne sont pas pareilles, mais peut-être qu'il y a des choses qui sont pareilles ou peut-être pas ?

  • L : Là, c'est pareil parce que, on dirait... une règle quand c'est comme ça. Alors c'est pareil.

  • E : Il y en a une qui me disait que ce qui est pareil, c'est qu'ils sont pareils beaucoup. Qu'est-ce que c'est qui est pareil ?

  • L : Parce qu'il y en a autant.

  • E : Ça, c'est pareil ?

  • L : Oui.

  • E : Il y a le même quoi, alors ?

  • L : Y a le même nombre.

  • Jetons disposés en « fleur »

  • E : C'est pareil, ça ? Et là, L, est-ce qu'il y a pareil beaucoup de rouges que de verts ou il y a plus de rouges ou il y a plus de verts ?

  • L : Là, t'en a mis 3 ici, 3 ici et 1, ça fait 7. Et là, t'en a mis 3 ici, 3 ici et 1, ça fait 7. Alors, y en a autant.

  • E : Et si tu n'avais pas compté, tu aurais su qu'il y en avait autant ?

  • L : Je savais.

  • E : Pourquoi ?

  • L : Parce que tout à l'heure, j'ai regardé, j'ai compté dans ma tête et puis, j'en avais autant de rouges que de verts.

  • E : Tout à l'heure, mais maintenant ? Comment tu sais qu'il y en a autant ?

  • L : Parce que tu en as mis 3 et 3, ça fait 6 plus 1, 7.

  • E : Et comment sais-tu sans les compter ?

  • L : Parce que t'en a pas ajouté, ni enlevé.

  • E : Tu peux me dire ce qu'il y a de pareil ou de pas pareil entre les rouges et les verts ?

  • L : Là, tout est pas pareil. Ils sont pas mis pareil. Ils sont pas de la même couleur.

  • E : Est-ce qu'il y a quelque chose qui est pareil ?

  • L : Non.

  • E : Y a rien de pareil ?

  • L : Non... y en a autant.