PIERRE-ALAIN : 30 / 09 / 1989

Correspondance terme à terme

  • E : Alors, tu vois Pierre-Alain ? On a devant nous des jetons. Comment sont ces jetons ?

  • P-A : Jaunes.

  • E : Jaunes. Et puis là ?

  • P-A : Bleus.

  • E : On va dire que les jaunes se sont les miens, et puis les bleus, se sont les tiens. D'accord ? Est-ce que l'on a pareil beaucoup de jetons, tous les deux ou bien, est-ce que tu en as plus ou bien est-ce que j'en ai plus ?

  • P-A : ... .

  • E : Est-ce que l'on en a autant ou est-ce que j'en ai plus ? Qu'est-ce que tu es entrain de faire ?

  • P-A : J’en ai plus.

  • E : Comment le sais-tu ?

  • P-A : Parce que j'ai compté.

  • E : Tu as le droit de compter devant moi. Tu as le droit de dire : « un, deux, trois. » Tu as le droit de faire tout ce qu'il faut. Moi, je veux savoir ce qui se passe dans ta tête. Alors si tu comptes et si tu ne me dis rien, et bien je ne serais pas que tu as compté. Donc j'ai loupé quelque chose. Tu as compté, alors comment sais-tu que tu en as plus ?

  • P-A : Parce que j'ai... .

  • E : Comment as-tu compté, qu'est-ce que tu as dit ?

  • P-A : ... .

  • E : Tu as compté quoi ?

  • P-A : J’ai compté les pions.

  • E : Les pions, lesquels ?

  • P-A : Les bleus.

  • E : Les bleus.

  • P-A : Les jaunes.

  • E : Et les jaunes. Les bleus, tu en avais combien ?

  • P-A : Sept.

  • E : Sept bleus ?

  • P-A : Non, huit.

  • E : Huit bleus. Et les jaunes ?

  • P-A : Heu ! Y en avait six.

  • E : Six, et après tu as dit quoi ?

  • P-A : Et ben c'est moi qui en avait plus.

  • E : C'est toi qui en avait plus, pourquoi ?

  • P-A : Parce que j'ai grandi.

  • E : Parce que tu en as huit et moi, j'en ai six, alors pourquoi tu en as plus que moi ?

  • P-A : ... Parce que tu en as rajouté.

  • E : Je n'en ai pas rajouté, moi. Moi, j'en ai six, toi, tu en as huit.

  • P-A : ...

  • E : Ce n'est pas pareil huit et six ?

  • P-A : ...

  • E : Non ? Huit, c'est ?

  • P-A : ... Huit, c'est beaucoup plus que six.

  • E : Et bien maintenant, j'ai compris. Il y a un enfant qui m'a dit qu'il n'avait pas besoin de compter, pour dire qu'il y en a plus, il le sait sans compter. Sais-tu ce que faisait cet enfant ? Il les mettait comme cela. Peux-tu continuer ?

  • P-A : ....

  • E : Ah ! Tu en laisses deux comme cela, pourquoi ?

  • P-A : Parce que y en a huit, et puis ces deux là, parce que là si y en aurait deux, et bien je les aurai mis.

  • E : S'il y avait eu deux jaunes, tu aurais mis les deux autres bleus. Et là, tu ne les as pas mis, alors ?

  • P-A : Non.

  • E : Alors, ils sont comment ceux-là ?

  • P-A : Ceux-là ?

  • E : Oui. Pourquoi, ne les met-on pas ? On peut dire qu'ils... ? En plus ? En trop ?

  • P-A : Hum !

  • E : Et bien, on va les enlever. Et cette fois, Pierre-Alain, si toi, tu manges les "Smarties" bleus qui sont là, et moi je mange les "Smarties" jaunes qui sont là, est-ce que l'on en mange pareil beaucoup tous les deux ou est-ce que toi, tu en manges plus ou est-ce que moi, j'en mange plus ?

  • P-A : On en... tous les deux.

  • E : Tous les deux pareils ?

  • P-A : Oui, pareil.

  • E : Tous les deux autant. Et si moi je mange les bleus et si toi, tu manges les jaunes ?

  • P-A : Pareil.

  • E : Tu es sûr de toi, bon. Qu'est ce qu'il y a de pareil et de pas pareil entre tes "Smarties" et puis les miens ?

  • P-A : ... .

  • E : Qu'est-ce qui est pareil et pas pareil entre ceux-là et ceux-là ?

  • P-A : Parce que eux, ils sont jaunes et eux, ils sont bleus.

  • E : Et bien voilà, cela, ce n'est pas pareil, ce n'est pas la même couleur. Et puis qu'est-ce qu'il y a d'autres ?

  • P-A : ... Y pas toujours un rond, là.

  • E : Oui, il n'y a pas toujours un petit rond de dessiner dedans. Qu'est-ce qu'il y a d'autres de pareils et de pas pareils ?

  • P-A : ... .

  • E : Tu m'as dit quelque chose de pas pareil mais quelque chose de pareil, tu ne m'as pas dit.

  • P-A : ... .Celui-là et celui-là, y sont pareils.

  • E : Hum ! Mais tout cela et tout cela, qu'est-ce que c'est qui est pareil ?

  • P-A : Je sais pas.

  • E : Tu ne sais pas. Tu as le droit de ne pas savoir. Maintenant, Pierre-Alain est-ce que l'on a tous les deux autant de "Smarties", est-ce que l'on en a pareil beaucoup ou bien, est-ce que moi, j'en ai plus ou bien, est-ce que toi, tu en as plus ?

  • P-A : T'en as plus.

  • E : J’en ai plus que toi ? Pourquoi ?

  • P-A : Parce que on pourrait en rajouter un là.

  • E : Mais moi, je ne veux pas en rajouter, je dis comme c'est là, J’en ai plus, j'en ai moins ou j'en ai pareil que toi ?

  • P-A : T'en as pareil.

  • E : Comment le sais-tu ?

  • P-A : Parce que tu as changé et c'est toujours pareil.

  • E : J’ai changé quoi ?

  • P-A : Les pions.

  • E : Je n'ai pas changé les pions.

  • P-A : T'as poussé les pions.

  • E : Oui. Et comment sais-tu que c'est toujours pareil ?

  • P-A : Parce que tu en as pas rajouté.

  • E : Hum, hum ! Et puis ?

  • P-A : Et puis t'en as pas enlevé.

  • E : Oui. C'est vrai. C'est bien cela. C'est une bonne idée. Mais il y a un enfant qui me disait : « Tu as vu les jaunes, ils dépassent là, ils sont beaucoup plus grands, ça veut dire qu'il y a plus de jaunes. » Qu'est-ce que tu en penses ?

  • P-A : Ouais !

  • E : Il y a plus de jaunes ou il n'y a pas plus de jaunes ?

  • P-A : Y a pas plus de jaunes.

  • E : Tu n'es pas d'accord avec lui, pourtant il dit que cela dépasse. Tu es d'accord que cela dépasse ou tu n'es pas d'accord ?

  • P-A : Moi, je suis d'accord.

  • E : Cela dépasse, on est d'accord. Mais lui, il dit : « Ça dépasse, alors il y en a plus. » Là tu n'es pas d'accord ?

  • P-A : Non.

  • E : Qu'est-ce que tu lui dirais, alors, pour lui expliquer que tu n'es pas d'accord ?

  • P-A : Je dirai que c'est pas ça.

  • E : Oui. C'est tout ce que tu lui dirais ? Je ne sais pas si cela lui suffirait. Tu n'as pas autres choses à lui dire.

  • P-A : ... .

  • E : Il y a un autre enfant qui dit : « Et bien non, les jaunes, il y n a moins, parce que dans les jaunes, là, il y des trous et y a pas de jetons, alors y en a moins. » Qu'est-ce que tu répondrais à celui-là ?

  • P-A : Non.

  • E : Non, il n'a pas raison ? Ce n'est pas vrai qu'il y a des trous ?

  • P-A : si.

  • E : Si.

  • P-A : Si, mais.

  • E : Mais ?

  • P-A : ... .

  • E : Mais quoi ? Si, si dis ce que tu penses. Mais ?

  • P-A : ... .

  • E : Il y a des trous, mais ?

  • P-A : Mais on pouvait en rajouter.

  • E : Mais on n'en a pas rajouté. Alors on en a pareil beaucoup ou on n'en a pas pareil beaucoup ?

  • P-A : On en a pareil.

  • E : On en a pareil. Et là Pierre-Alain ?

  • P-A : Y a pas de trous.

  • E : Il n'y a pas de trous. Alors si toi, tu manges tes "Smarties" bleus et moi je mange mes "Smarties" jaunes, est-ce que l'on en mange pareil beaucoup tous les deux ?

  • P-A : Oui.

  • E : Comment le sais-tu ?

  • P-A : Ben, c'est toujours pareil.

  • E : Alors dis-moi, explique-moi si c'est toujours pareil.

  • P-A : ...

  • E : Oui.

  • P-A : Ah ! Non.

  • E : Il faut me l'expliquer cela. On en mange pareil beaucoup ou pas pareil beaucoup.

  • P-A : beau... Pareil.

  • E : Comment le sais-tu ?

  • P-A : Parce que je les ai comptés.

  • E : Oui et alors ?

  • P-A : Mais toi, tu les as rapprochés, y pas de trous, alors... les miens, y ont des trous.

  • E : Oui et alors ?

  • P-A : ...

  • E : Moi je n'ai pas de trous et toi, tu as des trous, alors cela veut dire que tu en as plus ou que tu en as moins que moi ?

  • P-A : Que j'en ai...

  • E : Que tu en as...

  • P-A : Pareil.

  • E : Cela veut dire que tu en as pareil que moi ? Tu as des trous, mais qu'est-ce qu'il y a pour que tu en ais pareil ?

  • P-A : Il faut que je les mettre... que je les mette accrochés.

  • E : Ah ! Si tu les resserres comme moi, si tu les resserres comme moi, on ne le fait pas, tu en aurais comme moi. ?

  • P-A : Hum !

  • E : Et si tu ne les resserres pas comme moi, tu en as comme moi ou pas comme moi ?

  • P-A : J'en ai pas comme toi ?

  • E : Là, tu en as plus que moi, tu en as moins que moi ou tu en as pareil beaucoup ?

  • P-A : J’en ai pareil beaucoup, mais, sauf que c'est encore plus long.

  • E : c'est plus long, mais tu en as pareil beaucoup.

  • P-A : Oui.

  • E : D'accord. Ici et ici Pierre-Alain, qu'est-ce qu'il y a de pareil et de pas pareil ?

  • P-A : La couleur.

  • E : Oui, la couleur, c'est pareil ou ce n'est pas pareil ?

  • P-A : Pas pareil.

  • E : Et puis ?

  • P-A : Le rond.

  • E : Rond, ils sont ronds. C'est pareil ou ce n'est pas pareil ? Ah ! Les ronds qu'il y a dessus.

  • P-A : Et puis les traits.

  • E : Qu'est-ce qu'il y de pareil alors ?

  • P-A : Ça a la même taille.

  • E : Oui, c'est la même taille de jetons. Y a-t-il autres choses de pareilles ?

  • P-A : Non.