Les dysfonctionnements incitent souvent les acteurs concernés à entreprendre des actions de régulation, qui sont elles aussi, créatrices de coûts cachés. L'analyse socio-économique classe les coûts cachés en deux catégories :
des coûts cachés engendrés par les dysfonctionnements usuels que subissent les organisations. Ils sont regroupés en cinq familles auxquelles correspondent cinq indicateurs : l'absentéisme, les accidents du travail, la rotation du personnel, la non-qualité, et les écarts de productivité directe ;
sursalaires : salaires d'indemnisation sans contrepartie en travail versés dans certains cas tels que l'absence injustifiée. Il s'agit donc d'un temps humain qui est évalué par les écarts de salaires lorsque l'activité est accomplie par une personne titulaire mieux rémunérée que celle à qui incombe normalement sa réalisation ;
sur-temps : sont matérialisés par les rémunérations des temps consacrés à réguler des dysfonctionnements au lieu de produire des biens et services facturables (téléphone, formation d’intérimaire...). Les surtemps sont évalués par la contribution horaire à la marge sur coûts variables30. Celle-ci est calculée de la manière suivante31 :
Chiffres d'affaires(CA)–Charges variables(CV) = Marge sur coûts variables(MCV)
Marge sur coûts variables(MCV) |
= |
Contribution horaire à la marge sur coûts variables (CHMCV) |
Nombre d'heures attendues(HA) |
surconsommations : consommations d'énergie, de matières, de fournitures, ou de services extérieurs dont le niveau est accentué par les dysfonctionnements subis par les organisations. Elles sont évaluées sur la base des prix réellement supportés par les organisations ;
Ces trois composants constituent des charges que les entreprises et les organisations pourraient éviter, du moins partiellement, en atténuant l'ampleur des dysfonctionnements.
non-production : elle ne représente pas une véritable charge mais un coût d'opportunité dû aux pertes de marge relatives aux occasions manquées de produire et de vendre un bien ou un service (pannes de machines, ruptures de stocks, accidents de travail ...). Comme les sur-temps, la non-production est évaluée par la contribution horaire à la marge sur coûts variables ;
non-création de potentiel : elle ne constitue pas non plus une véritable charge. Elle illustre les performances retardées par la non-réalisation d'investissements immatériels à cause des dysfonctionnements qui accaparent les moyens de l'organisation.
A ces cinq composants de coûts cachés, on peut ajouter un sixième constitué par le risque latent relatif aux possibilités de création de nouveaux dysfonctionnements ou de réapparition des anciens. En effet, si le coefficient de probabilité des cinq premiers composants est égal à 1, celui du risque latent est inférieur à 1. Autrement dit, ce n'est pas parce qu'une intervention socio-économique a corrigé les dysfonctionnements repérés que le tour est joué, et que l'organisation n'a plus à craindre la création de nouveaux coûts cachés. Au contraire, la chasse aux coûts cachés doit être permanente car le risque d'apparition de nouveaux dysfonctionnements ou de réapparition des anciens est toujours présent.
Cf. Infra, pp.331.
Pour plus d'approfondissement de cette notion de "contribution horaire à la marge sur coûts variables (CHMCV), voir Henri Savall et Véronique Zardet, "le nouveau contrôle de gestion", Editions comptables Malesherbes et Eyrolles, Paris, 1992, 343 pages, pp.77 et s.
H. Savall et v. Zardet, "Maîtriser les coûts et les performances cachés...", op cit, p.21.