1.2.1.3. Conception socio-économique de la compétence

H. Savall et v. Zardet considèrent qu'une personne est compétente sur une opération à la double condition qu'elle ait une connaissance théorique et qu'elle ait une pratique régulière de l'opération.

Ces deux précurseurs de l'analyse socio-économique définissent la compétence comme "‘l'ensemble des connaissances théoriques et pratiques détenues par un acteur et mises en oeuvre dans l'exercice de son activité professionnelle, dans une ou plusieurs spécialités’"74.

Ainsi, au sens de l'analyse socio-économique, une personne est compétente sur une opération lorsqu'elle remplit les deux conditions suivantes :

Le couplage de ces deux éléments est indispensable aux yeux des deux auteurs car, dans la pratique, ils observent que les connaissances théoriques se dégradent en l'absence d'une pratique régulière, et qu'à l'inverse, une connaissance exclusivement pratique est vulnérable aux aléas, tels que les changements de mode de travail, des procédures, des réglementations,...

L'analyse socio-économique75 accorde une grande importance au développement des compétences humaines car elle considère que ces dernières, ainsi que les potentiels humains, constituent un levier stratégique d'amélioration durable de la performance économique.

L'une des voies fécondes qui permettent de réaliser cette performance est celle qui consiste à développer la mise en oeuvre des compétences humaines au lieu d'accumuler simplement des compétences humaines plus ou moins virtuelles et volatiles.

H. Savall et V. Zardet constatent qu'au sein d'une organisation, le décalage est grand entre les compétences disponibles et celles requises par les emplois tenus. Aussi, Les compétences opérationnelles et concrètes manquent-elles pour occuper pleinement ces emplois, ce qui conduit à des défauts de qualité et des tâches mal assumées76.

l'indisponibilité à temps, en quantité et qualité suffisantes, des compétences nécessaires au bon fonctionnement d'un service ou unité, constitue un dysfonctionnement majeur, dont les régulations engendrent des coûts cachés qui amputent sérieusement la performance économique de l'organisation.

En associant la double facette, théorique et pratique, de la compétence, la position de l'analyse socio-économique converge vers celles des auteurs cités précédemment.

Néanmoins, l'apport précieux du management socio-économique réside dans la mise au point d'outils et de procédés opérationnels de développement et de pilotage des compétences.

parmi les dispositifs mis au point par l'analyse socio-économique figure la méthode de formation intégrée, qui constitue un processus pratique et efficace permettant de développer et de consolider les habiletés et les aptitudes du personnel grâce à l'implication de l'encadrement.

Dans le même ordre d'idée, la grille de compétences et les manuels de formation intégrée, tels qu'ils ont été conçus et utilisés par les chercheurs de l'ISEOR, constituent des outils opérationnels favorisant la gestion, l'amélioration, et l'évaluation des compétences.

Notes
74.

H. Savall et V. Zardet, "Ingénierie Stratégique du Roseau...", op cit, p.494.

75.

Ibid. p.11.

76.

H. Savall et V. Zardet, "Maîtriser les coûts et les performances cachés...", op. cit, p.184.